Dans la nuit du 2 mars 1953, un homme se meurt, anéanti par une terrible attaque. Cet homme, dictateur, tyran, tortionnaire, c'est Joseph Staline. Et si chaque membre de sa garde rapprochée - comme Beria, Khrouchtchev ou encore Malenkov - la joue fine, le poste suprême de Secrétaire Général de l'URSS est à portée de main. (Inspiré de faits réels...)
Le créateur de la série « Veep » qui dissèque la politique américaine avec des personnages savoureux et une connaissance remarquable des arcanes du pouvoir, s’amuse à nous entraîner dans les quelques heurs qui précédèrent et qui suivirent la mort du dictateur russe : Staline. Sous le ton de la comédie burlesque, il nous entraîne dans les dessous d’une bataille de succession, de paranoïa et de coups bas. Avec un sens de la répartie maîtrisée, le réalisateur qui a également signé le scénario avec ses comparses : David Schneider, Ian Martin et Peter Fellows, il signe une œuvre divertissante, terriblement drôle et poussant le cynisme à son paroxysme.
Inspirée du roman graphique de Fabien Nury et Thierry Robin, « La Mort de Staline » est une comédie qui voudrait tirer parfois sur la farce, si la base n’était en fait qu’un reflet peu caricatural de la lutte de pouvoir qui opposa de façon abjecte, la garde rapprochée de Staline : Nikita Khrushchev, Lavrently Beria, Georgy Malenkov et Georgy Zhukov. Avec une mise en scène qui n’est pas sans rappeler les œuvres de Robert Altman, par exemple, Armandi Lanucci, signe une œuvre faussement légère, incroyablement drôle, mais pathétiquement proche de la vérité. Car, effectivement les historiens s’accordent sur ces deux jours qui ont vu le candidats à la succession de Staline, se mener une guerre sans merci, à grands coups de mensonges, de pièges et d’insultes qui firent basculer les choses vers celui que l’on supposait comme un personnage mineur de la garde Stalinienne, mais qui deviendra le nouvel homme fort de l’URSS : Nikita Khrushchev.
Parfois, il n’est pas impossible de penser aux Monty Python avec des scènes un peu chorégraphiées, et des dialogues qui se jettent comme ça, au vent, avec un décalage forcé sur l’action en cours. La distribution (Anglo-saxonne) s’amuse, à commencer par
Steve Buscemi (Boardwalk Empire) dont la prestation toute en retenue, pour ne pas sombrer dans la caricature, vient compléter celle toute en froideur de S
imon Russell Beal (My Cousin Rachel) comme dans cette scène stupéfiante où Beria sort du bureau de Staline, brandissant à ses collègues des papiers qui ne sont autres que des listes de personnes à tuer, à arrêter ou à torturer. Sans aucune exagération, cette scène impose le ton du film et l’ensemble de la distribution s’amusera avec une précision d’orfèvre à suivre cette ligne de conduite.
En conclusion, « La Mort de Staline » est une œuvre savoureuse qui se lit en deux tonalités, celle de la comédie, où des anglais jouant des russes s’amusent à imaginer les deux jours qui ont suivis le mort de Staline. Mais soudain, en deuxième lecture, nous nous rendons compte que cette histoire inspirée d’une bande dessinée, est en fait une mise en image de l’une des plus cynique et incongrue guerre de succession. Interdit en Russie, « La Mort de Staline » montre avec humour certes, mais avec une recherche historique évidente, à quel point l’avenir de l’URSS s’est joué en deux jours dans les mots et la fange d’hommes sans scrupules, libérés, du moins le croyaient-ils du danger que représentait le dictateur Staline.