Cinq ans, huit mois, 12 jours… et le compteur tourne toujours ! C'est le temps qu'il aura fallu à Debbie Ocean pour échafauder le plus gros braquage de sa vie. Elle sait désormais ce qu'il lui faut : recruter une équipe de choc. À commencer par son "associée" Lou Miller. Ensemble, elles engagent une petite bande d'expertes : Amita, la bijoutière, Constance, l'arnaqueuse, Tammy, la receleuse, Nine Ball, la hackeuse et Rose, la styliste de mode. Le butin convoité est une rivière de diamants d'une valeur de 150 millions de dollars. Le somptueux bijou sera autour du cou de la célèbre star Daphne Kluger qui devrait être l'objet de toutes les attentions au cours du Met Gala, l'événement de l'année. C'est donc un plan en béton armé. À condition que tout s'enchaîne sans la moindre erreur de parcours. Enfin, si les filles comptent repartir de la soirée avec les diamants sans être inquiétées…
Comment redonner une nouvelle impulsion à une licence qui s’était elle-même essoufflée avec des intrigues un peu trop légères, qui ne fonctionnait plus aussi bien qu’à ses débuts ? La réponse est venue d’une idée très en vogue actuellement : Remplacé les castings exclusivement Masculins par d’autres exclusivement Féminins. Le résultat n’est pas forcément efficace, il suffit pour cela de voir la version de féminine de « SOS Fantômes » pour comprendre que ce n’est certainement le remède miracle qui viendra redonner un souffle à la licence. D’autant qu’il faut réellement comprendre la licence pour pouvoir en tirer profit et lui donner cette part de féminité qui peut effectivement lui aller. Avec « Ghosbusters », le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils n’ont pas compris la manière dont l’humour devait d’utiliser avec intelligence et non avec un style certes reconnaissable mais tellement bas de gamme qu’il finissait par en freiner le rythme.
Du coup l’annonce d’une nouvelle intrigue « Ocean » avec un casting exclusivement féminin, pouvait laisser redouter le pire, ou le meilleur. Et ce ne sera ni l’un ni l’autre ! Car « Oceans 8 » est une aventure presque copiée collée du premier volet des aventures de Danny Ocean, du moins dans son introduction. On y voit Debbie Ocean, la sœur de Danny, donc, sortir de sa cellule et répondre à des questions sur les raisons de son incarcération et sur ses capacités à se réinsérer. Avec ce petit résumé, nous comprenons très vite, que le scénario va se positionner sur le terrain balisé du premier opus. Du coup, le frémissement d’inquiétude, se fait ressentir, que l’on nous serve un remake féminin de la bande rendue célèbre par Georges Clooney, Brad Pitt et Matt Damon.
Mais tout cela se ferait sans compter sur les capacités de Gary Ross (Pleasantville) à se lancer dans une aventure et à n’en ressortir que ce qu’il faut de douceur, d’humour et d’intelligence. Et c’est donc sous le regard d’un producteur qui connait bien le sujet, puisqu’il en a signé le remake en 2000 : Steven Soderbergh. Et en cela, à la lecture du casting, on comprend que la main ne fut pas laissée à l’abandon du premier réalisateur un peu fan qui voudrait y apporter sa propre patte humoristique ou imprégnée d’obscurité créatrice. Alors oui, le film de Gary Ross ne va pas renouveler le genre en profondeur, mais il a une première qualité qui est celle de capter l’attention du spectateur et de ne pas le lâcher d’une seule semelle. Le scénario s’amuse à reprendre les codes du premier volume et à lui adjoindre une nouvelle équipe loin de Las Vegas pour le décor plus somptueux et féminin que le défilé du Met Ball et ses bijoux brillants de mille éclats.
Et la meilleure idée de « Ocean’s 8 » est d’avoir réuni un casting d’actrice au charisme redoutable, qui parviennent à exister individuellement tout en étant ensemble et surtout sans qu’aucune ne cherche à cannibaliser l’autre. Autant le dire, si le film repose sur les épaules de
Sandra Bullock (Gravity), il ne serait rien sans la froideur redoutable de
Cate Blanchett (Le Seigneur des Anneaux), le charme dévastateur et faussement candide d’
Anne Hathaway (Interstellar), la folie communicative d’
Héléna Bonham Carter (Harry Potter) ou encore le charme triste de
Sarah Paulson (American Horror Story). Comme pour la version masculine, le casting féminin se complète d’actrice moins connues ou dans les cas, moins célèbres pour cela, comme
Rihanna (Battleship), qui apporte une fraîcheur un peu froide dans un jeu tout en sobriété et donc, bien sûr, le film nous permet de découvrir deux actrices magnifiques de drôlerie et d’énergie :
Mindy Kalling (Un Raccourcis dans le temps) et
Awkwafina (Future Man).
Si « Ocean’s 8 » n’est pas le film révolutionnaire de l’année, il a le mérite, au moins de respecter la licence, dont il tend à redonner un nouveau souffle avec un casting cohérent qui fonctionne à l’identique des hommes dans « Ocean’s Eleven » et un scénario efficace qui repose sur un déroulement fonctionnel évident pour amener à un twist final parfaitement bien amené. Un bon moment à passer donc !