La Dame de Shanghaï

Catégorie
Cinéma
Titre Original
The Lady of Shanghaï
Genre
Pays
USA
Date de sortie
14/11/2018
Réalisateur
Format
Blu-Ray
Boitier
Coffret
Producteurs
Orson Welles et Harry Cohn
Scénaristes
Orson Welles, William Castle, Charles Lederer et Fletcher Markle
Compositeur
Heinz Roemheld
Editeur
Edition
Coffret
DureeFilm
92
Support
Critique de Emmanuel Galais
A Cuba, Michael, marin irlandais en quête d'un emploi, sauve d'une agression une jeune femme, Elsa. Le mari d'Elsa, avocat célèbre, offre à Michael d'embarquer sur son yacht pour une croisière vers San Francisco. Elsa et Michael tombent amoureux et Grisby, l'associé de Bannister, s’aperçoit de cet amour. Il veut disparaître et propose à Michael 5000 dollars pour signer un papier dans lequel il confesse l'avoir tué.

Orson Welles est un réalisateur hors du commun, d’abord parce que son histoire en elle-même est incroyable que ce soit à la radio : En jouant « La Guerre des Mondes » en feuilleton radiophonique il a terrorisé la population américaine, persuadée qu’une véritable invasion extraterrestre était en cours, mais aussi cinématographique son premier film « Citizen Kane » est considéré comme le plus grand film de tous les temps. L’homme, pourtant, entretint des rapports compliqués avec les décideurs des studios, ce qui fit que quasiment aucune de ses œuvres ne fut réellement présentée comme lui le voulait, les producteurs faisant un montage plus en phase avec les envies du public ou encore expédièrent certains films comme un vulgaire paquet de lessive. Du coup, le succès ne fut pas immédiat pour beaucoup de ses films.

Avec « La Dame de Shanghai », le réalisateur ne va pas déroger à la règle, une tension permanente avec son producteur qui ne supportait pas les choix opérés par Welles, au point de declarer ensuite : qu'il « ne laisserait plus jamais une même personne produire, jouer et réaliser un film car il ne pourrait dès lors pas le renvoyer ». Ambiance ! Il faut dire que le réalisateur qui venait de divorcer de Rita Hayworth (Gilda), elle-même sous contrat avec la Columbia, lui fit tenir le rôle féminin, mais décida de casser le mythe en lui faisant couper les cheveux et en la teignant en blonde platine. Décision qui rendit fou le producteur car l’actrice, d’après le studio qui l’engageait tenait sa carrière dans sa chevelure longue et rousse. Criblé de Dettes à cause de bon nombre d’échecs successifs, « La dame de Shanghaï » ne changera d’ailleurs pas la donne, semble avoir accepté comme obligation l’adaptation de ce roman de Sherwood King, dont le titre original est « If I should die before I wake ». une obligation qui lui permit de régler toutes ses dettes.

Il n’en demeure pas moins que même sans passion, le réalisateur signe avec « La Dame de Shanghaï », une œuvre, à nouveau visionnaire, dans laquelle, Welles innove, impose un style, déstructure sa narration pour mieux entraîner le spectateur, non pas dans un film noir classique mais dans une œuvre beaucoup plus complexe et intuitive qu’il n’y parait. S’il est vrai que Harry Cohn, le producteur du film qui imposa le montage et différentes scènes, notamment une de chant pour Rita Hayworth (Une manière d’entretenir le mythe de l’actrice), et n’eut pas forcément conscience de l’intérêt du film et le saborda d’une certaine manière avant même sa sortie, Orson Welles prouve à nouveau avec sa réalisation tout le génie mais également toute cette paradoxale impossibilité à se faire comprendre par les autres, tant il fut mésestimé durant une grande partie de sa carrière. Car, à l’époque, il semble que personne ne fut renversé par cette incroyable scène des miroirs en point culminant de cette œuvre majeure du réalisateur.

En conclusion, « La Dame de Shanghaï » est œuvre majeure d’orson Welles d’abord parce qu’elle est devenue le symbole de la lutte intestine entre le réalisateur et Hollywood, mais surtout parce qu’il construit une œuvre puissante et captivante qui, comme on s’y attendait, vient nous surprendre par un ton sombre et pourtant glamour avec une narration déstructurée où les personnages gagnent en profondeur et noirceur. Alors que le montage fut perturbé par le producteur, le génie de Welles y apparaît de toute les manières, que ce soit dans le choix de modifier l’apparence de son actrice principale pour la rendre moins glamour mais plus magnifique, ou de mettre en scène une scène finale avec l’utilisation de miroirs. Une œuvre majeure à découvrir d’urgence.
Définition
Couleurs
Compression
Format Vidéo
16/9 anamorphique couleur
Format Cinéma
2.35:1
La remasterisation en 4K de « La Dame de Shanghaï » fait des merveilles et donne un nouvel éclat au film. Précise et parfaitement retravaillées, les noirs et blancs sont saisissants et le master est entièrement nettoyé de ses tâches liées à l’âge. Le film apparait sous un autre jour et semble contemporains. Les contrastes sont soignés et l’ensemble met parfaitement en valeur le travail d’Orson Welles et Charles Lawton Jr qui fut aussi Directeur de la photographie sur « La Belle du Pacifique » de Curtis Bernhardt.
Sous Titres
Notes
Langues
Film
Bonus
Com
Spatial
Dyn
Surr
Anglais
Oui
Oui
Non
Bonne
Bonne
Bonne
Français
Oui
Oui
Non
Bonne
Bonne
Bonne
La piste DTS-HD Master Mono ne masque pas le passage du temps, mais se révèle d’une grande précision et met parfaitement en valeur les dialogues et les effets sonores. Jamais dans l’excès, la piste Audio est parfaitement bien harmonisée pour que les dialogues ne soient pas effacés par la musique qui parvient à se faire suffisamment discrète pour être oubliée.
Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée Bonus : 60 min
Livret
Bande annonce
Biographies
Making of
Documentaire
Interviews
Com. audio
Scènes sup
Fin alternative
Galerie de photos
Story board
Multi-angle
Liens internet
Interface Rom
Jeux intéractifs
Filmographies
Clips vidéo
Bêtisier
Bonus Cachés
Court Metrage
L’éditeur ne nous ayant pas fait parvenir le coffret définitif, nous ne pouvons pas parler du livret qui réserve une source d’informations, semble-t-il, passionnante pour tous les amateurs de cinéma.

En revanche, nous avons eu le plaisir de découvrir :

« La Dame de Shanghaï : Conversation avec Peter Bogdanovich », ami d’Orson Welles, nous découvrons les dessous de ce film, avec en plus une analyse, intéressante de l’homme et de ses rapports avec les studios.

« Simon Callow à propos de « La Dame de Shanghaï » ». Cet auteur d’une biographie d’Orson Welles, revient avec beaucoup de détail sur le tournage chaotique de « la Dame de Shanghaï ». On y apprend notamment que les rapports entre Rita Hayworth et le réalisateur n’étaient pas si conflictuels que ça, et que la star avait certainement encore des sentiments.

« Henry Jaglom en tête à tête avec Orson Welles ». Le réalisateur plonge dans ses souvenirs et particulièrement sur sa rencontre avec le mythe Orson Welles qu’il engagea sur son premier film et dut imposer sa vision à un acteur hors norme, capricieux et parfois cabotin.