Monique dirige une communauté Emmaüs près de Pau. Après plusieurs années d’absence, elle voit débarquer son frère, Jacques, un bon à rien qui n’a qu’une obsession : trouver l’idée qui le rendra riche. Plus que des retrouvailles familiales, ce sont deux visions du monde qui s’affrontent.
Le duo Delépine/Kervern à qui l'on doit des pépites telles que « Mammuth » avec Gérard Depardieu ou "Saint Amour" avec Benoit Poelvoorde, a toujours su filmer la nature humaine dans ce qu'elle a de plus touchante, de plus captivante, cette force invisible qui lie les hommes entre eux. Dans « Mammuth », Gérard Depardieu partait à la recherche de son passé comme un voyage vers la mémoire alors que la vie passe un nouveau cap. Dans « Saint Amour » C'est la filiation qui est au cœur de l'intrigue, les relations complexes entre un fils et son père entre révoltes et amours. Avec, « I Feel Good », le duo continue son exploration de la nature humaine et notamment des relations frères/sœurs er cette vue faite d'ambition ou d'abnégation.
Seulement cette fois ci le duo se perd un peu dans son discours, entre humanité affichée et amour pour les âmes cabossées, Delépine et Kervern nous entraînent au cœur de la compagnie des Emmaüs fondée par l'abbé Pierre en 1954. Les deux réalisateurs ont planté leurs caméras dans le village Emmaüs près de Pau et s'en servent pour mieux mettre en lumière, à la fois le décalage saisissant dans lequel vit Jacques, persuadé d'être né pour être riche, mais qui vit de menus larcins et sa sœur Monique, responsable d'un centre Emmaüs près de Pau. Si le scénario ne masque pas son envie se mettre en lumière ces âmes cabossées par la vie, il tente avec assez peu de panache de rendre un peu léger et drôle leur histoire. Et du coup laisse le public un peu trop sur le bord de la route oscillant entre tendresse évidente et frustration de ne pas rire autant que la bande annonce le laissait présager. Même le choix de faire de Jacques, finalement un petit escroc maladroit mais manipulateur ne convainc pas totalement dans un environnement qui aurait peut-être préfèré un décalage plus marqué entre deux mondes.
Côté mise en scène, tout de même, les deux réalisateurs parviennent avec subtilité à rendre beau ce qui ne semble pas l'être, à l'instar des ambitions de ce que dit leur personnage principal : « Je veux rendre beaux les gens pas beaux ». Le duo rend magnifique de tendresse, de dévotion, d'abnégation même parfois ces personnages abîmés par la vie, par les galères, ces âmes errantes qui trouvent un refuge et une nouvelle espérance de vie meilleure dans la compagnie des Emmaüs. Sans effets de caméras renversant, avec simplicité et maîtrise le duo nous plonge et nous fait découvrir une compagnie qui réfute le jugement et propose un nouveau départ à celui qui passe la porte. On retrouve, comme dans leurs films précédents, cette simplicité un peu rétro, ce goût pour le rural, pour le décalé par rapport à notre société Ultra connectée. Sans jamais se défaire de leur style reconnaissable et remarquable, le duo offre une nouvelle fois un film simple sur la complexité humaine.
Alors qu'il aurait pu se rêver star internationale, Jean Dujardin (The Artist) remet à chaque son trône en question et choisit des sujets pas toujours assurés du succès mais qui lui permettent chaque fois de se renouveler d'aller plus loin. Ici, même si l'on peut reprocher à l'acteur de réutiliser les mimiques qui l'ont rendu célèbres, force est de constater qu'il n'est jamais aussi bon dans un rôle faussement abordable, à la complexité évidente. Face à lui la magnifique et tellement attendrissante
Yolande Moreau (Saint Amour), actrice du peuple, des simples gens qui capte toute la lumière dés qu’elle apparaît. L’actrice est magnifique et nous l’aimons pour toute la tendresse qu’elle dégage et pour la précision de son jeu.
En conclusion, « I Feel Good » est un nouveau voyage dans la simplicité du duo Benoit Delépine et Gustave Kervern. Si Le scénario se perd un peu dans un discours qui ne semble plus avoir où donner de la tête, le duo d’acteurs principaux : Jean Dujardin et Yolande Moreau ainsi que toute la distribution font de cette œuvre une nouvelle ode à la simplicité, à ces gens cabossés dont on ne parle jamais, même dans les manifestations jaunies par un symbole qui se délave en oubliant les oubliés.