Londres, 1763. La ville est en plein essor. Pour gagner leur vie, beaucoup de femmes n’ont que deux alternatives : le mariage ou la prostitution. Deux maisons closes, tenues par des femmes que tout oppose, se livrent à une guerre sans merci pour s’attirer les faveurs de la gente masculine…
Sous la plume de Moira Buffini, à qui l’on doit notamment le scénario de « Le Dernier Vice-Roi des Indes » et Alison Newman qui s’était fait remarquer avec « Femmes de Footballeurs », « Harlots » est, à proprement parlé, une série atypique dans sa conception comme dans son histoire. D’abord parce que l’équipe à la manœuvre est quasiment exclusivement féminine : 3 réalisatrices, 2 Showrunneuses, et une pléiade d’actrices qui tiennent les premiers rôles, ensuite parce que le sujet se concentre sur la guerre que ce sont opposés des tenancières de maisons closes. Une trame inspirée par les « Harri’s list of Covent Garden Ladies » qui furent édités entre 1757 et 1795 et qui offrent une quantité remarquable de matières pour construire une intrigue à tiroirs autour de cette guerre de position dans l’estime de la gente masculine dominante de la société Londonienne du XVIIIème siècle.
Alors, dire que la série touche au but grâce à cette composition quasi extrêmement féministe, serait beaucoup trop réducteur en soit. D’autant qu’« Harlots », malgré des qualités narratives évidentes, manque tout de même de quelque chose. Difficile à dire s’il s’agit d’un manque de rythme ou d’une narration beaucoup trop « #me too ». Car, en fait, ce qui pouvait être une véritable force, à savoir : Traiter de la prostitution avec un regard féminin, devient subitement une faiblesse, car rien n’est réellement beau, réellement sale, tout est ultra stylisé et la série ne parvient pas à trouver une vitesse de croisière qui puisse positionner le spectateur d’un côté ou non de la barrière. Car, à trop vouloir appuyer sur le quotidien, sur ces intrigues de petits salons, ou d’arrières cours, on finit par très vite se perdre et être rebuté par un langage outrancier trop gratuit et un manque d’empathie pour certains aspects de la vie des prostituées.
Et si la mise en scène ne brille pas forcément pour captiver le spectateur, la distribution, elle, ne ménage pas ses efforts pour donner toute cette fureur qui habite ces personnages jamais assez bien pour être respectés mais suffisamment courtisés pour être d’influence. Samantha Morton que l’on connait pour sa participation à l’œuvre de JK Rowling : « Les Animaux Fantastiques », tient le rôle de l’une de ces tenancières qui tente toujours avec détermination de s’élever dans la société et de prendre soin des filles qu’elle couve. Mais n’allons pas nous y tromper, son personnage reste une tenancière de Maison Close avec tout ce que cela implique de rapports complexes avec ses filles. Face à elle, Lesley Manville que l‘on connait pour son interprétation saisissante dans « Phantom Thread », impose une froideur dans son regard qui peut cacher une faiblesse, mais surtout une fureur inquiétante. Au milieu de ces deux femmes, Jessica Brown Findlay, la magnifique et si douce Sybille Crawley de « Downton Abbey » se transforme en favorite attitrée d’un lord anglais qui n’a qu’une obsession s’élever dans la société.
En conclusion, « Harlots » n’est pas forcément une série désastreuse, loin de là, mais la tonalité, la mise en scène et le scénario qui ne parvient jamais réellement à trouver sa vitesse de croisière et à ainsi trouver son angle d’attaque et la subtilité que nous pourrions attendre d’une telle équipe à la tête d’une série sur la prostitution dans le Londres du XVIIIème siècle.