A Hong Kong, la brève rencontre entre Tyler, un jeune homme habitué aux dangers de la rue, et Jo, une femme policier infiltrée, ne sera pas sans conséquence : celle-ci tombe enceinte. Afin de gagner de l'argent rapidement, Tyler devient garde du corps. Au service de Hong, le chef d'une puissante triade, il s'associe avec Jack, un ancien mercenaire décidé à entamer une nouvelle vie avec Hui, la fille de Hong, qu'il vient d'épouser et qui attend un enfant de lui. Ensemble, Tyler et Jack parviennent à déjouer une tentative d'assassinat dirigée contre leur employeur, mais leur collaboration va être de courte durée. De complots en guet-apens, d'intérêts opposés en trahisons, ils vont se retrouver opposés et entraînés vers une confrontation mortelle.
Après une parenthèse Hollywoodienne qui l’a vu réaliser : « Double Team » et « Piège à Hong Kong » avec Jean-Claude Van Damme, deux films assez oubliables, le réalisateur Hong-Kongais Tsui Hark revient à son genre de prédilection le thriller d’action avec « Time and Tide », un film musclé et inventif, qui résonne comme un retour en grâce après la purge Hollywoodienne. Car, il faut bien le dire, le mastodonte américain, ne fut pas le meilleur environnement pour permettre au maître de retrouver ses codes et son inspiration qui l’on rendu si célèbres notamment avec des œuvres aussi marquantes que « Il était une fois en Chine », « The Master » ou encore « Le syndicat du crime ».
Tsui Hark revient donc « Time and Tide » un thriller d’action musclé, disais-je, mais surtout inventif, tant le réalisateur s’amuse à chaque plan, montre une technicité exemplaire, qui n’a d’égale que le cinéma de John Woo, qui réalisa d’ailleurs les deux premiers volumes du « Syndicat du Crime » et confia le troisième à Tsui Hark. Une chose est sûre les carrières des deux réalisateurs Hongkongais est similaire sur plusieurs points, notamment celui de la maîtrise technique dans l’orchestration de scènes mémorables dans des films d’action dont ils sont devenus les maîtres incontestés et incontestables, y compris sur le territoire américain. Pour John Woo, il suffit de visionner « Volte face » pour comprendre, à quel point le cinéma américain ne peut rivaliser avec des réalisateurs comme John Woo ou Tsui Hark. Pour en revenir à Tsui Hark et « Time and Tide », les premières suffisent à imposer une ambiance, un style ! Chaque scène d’action est une gageure dans la mise en scène, d’une complexité rare, orchestrée avec précision comme un orfèvres qui travaille son métal précieux avec minutie et patience pour en tirer les plus beaux objets, le réalisateur vient ici reprendre sa couronne laissée vacante pendant qu’il se perdait aux Etats-Unis.
« Time and Tide », c’est aussi un scénario qui va forcer le spectateur à poser toute son attention sur les enjeux qui se jouent. Une histoire presque de fratricide, dans laquelle deux hommes vont se lier d’amitié pour mieux s’affronter ensuite, par le biais de leurs employeurs respectifs. Comme la mise en scène, le scénario ne fait pas dans la facilité et impose à la fois un rythme et une réflexion sur la paternité, l’appartenance à un clan, à une origine, qui vont forcément guider les choix des héros, affirmer leurs valeurs et leur destinés. « Time and Tide » est une histoire multiple qui vient démontrer, encore une fois, aux Américains et au reste du monde qu’un film d’action peut être intelligent et subtil et amener le spectateur à réfléchir et non pas à regarder bêtement des hommes se battre dans tous les sens.
« Time and Tide » signe le grand retour du Maitre Tsui Hark à un cinéma d’action subtile et inventif. Le réalisateur ne se contente pas de filmer des bagarres, il les magnifie, il ne se limite pas à enchaîner les scènes d’actions, il signe une histoire avec son acolyte Koan Hui, un scénario solide qui se veut une réflexion sensitive sur la paternité, l’appartenance et l’honneur. Une œuvre majeure du maître à (re)découvrir d’urgence