Spider-Man : New Generation suit les aventures de Miles Morales, un adolescent afro-américain et porto ricain qui vit à Brooklyn et s’efforce de s’intégrer dans son nouveau collège à Manhattan. Mais la vie de Miles se complique quand il se fait mordre par une araignée radioactive et se découvre des super-pouvoirs : il est désormais capable d’empoisonner ses adversaires, de se camoufler, de coller littéralement aux murs et aux plafonds ; son ouïe est démultipliée... Dans le même temps, le plus redoutable cerveau criminel de la ville, le Caïd, a mis au point un accélérateur de particules nucléaires capable d’ouvrir un portail sur d’autres univers. Son invention va provoquer l’arrivée de plusieurs autres versions de Spider-Man dans le monde de Miles, dont un Peter Parker plus âgé, Spider-Gwen, Spider-Man Noir, Spider-Cochon et Peni Parker, venue d’un dessin animé japonais.
Et si le meilleur « Spider-Man » c’était celui qui ne répondait pas aux codes, mais qui, au contraire, les brisait pour mieux redistribuer les cartes et ainsi ouvrir de nouvelles perspectives à l’Homme Araignée ? Au sein de l’univers Marvel Comics, cette déconstruction eut lieu en 2011, lorsque Marvel décida de tuer de Peter Parker des mains du Bouffons Vert, mais fit renaitre le personnage de Spider-Man avec un nouveau porteur : Miles Morales. Outre le choix de tuer le personnage historique, le choc fut que son remplaçant était un jeune homme métis (Père afro-américain, Mère Porto ricaine) venu de Brooklyn. Un choc, mais surtout une excellente nouvelle, qui faisait enfin entrer les minorités, et toutes les minorités dans l’univers de Marvel. A travers le personnage de Mile Morales, les adolescents de toutes les cultures que forment l’Amérique pouvaient se rêver en super-héros.
Et c’est d’ailleurs tout le message et toute l’intelligence de ce « Spider-Man New Génération » : « Tout le monde peut porter le masque ! ». Eh oui, il ne suffit pas d’être blanc et bourré de valeurs américaines bien propres sur elles, non, pour porter le masque, on peut être un homme, une femme, un jeune ou un vieux, même un cochon. Avec une certaine aisance, le scénario joue clairement la carte des réflexions que peuvent avoir les adolescents de tout genre : trouver sa place dans la société, supporter le regard de ses parents et les rendre fier, accepter ce que nous sommes…etc. Le scénario signé Phil Lord (Tempête de Boulettes Géantes) et Rodney Rothman (22 Jump Street) surfe sur toutes les vagues narratives avec une précision d’orfèvre et en ressort un scénario jamais plombant, bourré d’humour, de contradiction et parfois de folie. Une règle pourtant n’est jamais transgresser, celle du Mojo de Spider-Man : « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités ».
En plus d’un scénario malin et parfaitement dosé, les réalisateurs Bob Persichetti (Le Petit Prince), Peter Ramsey (Les 5 Légendes) et Rodney Rothman (5 ans de Réflexions) ont eut l’idée délirante de rendre hommage à la bande dessinée en utilisant différents types d’animations qui rappellent les imperfections de certaines BD, pour créer une animation qui soit en accord avec leurs idées, ils ont du repenser l’animation, en modifiant le nombre d’images par secondes par exemple, ce qui donne cet effet un peu vibrant, très pop, où les flous ne sont plus des erreurs techniques mais des compléments narratifs et visuels. Les bulles ou les cases sont aussi présentes, ainsi que les « Boum », « Paf » et « Pif » qui servent à représenter les coups et les chocs présents tout au long du film d’animation. En résulte un festival visuel, réjouissant, pétillant, captivant et bien d’autres choses qui finissent par « Ant ». Difficile de ne pas succomber au charme de ce film d’animation énergique et visuellement révolutionnaire tout en étant magnifiquement retro et foncièrement ancré dans la pop culture.
En conclusion, s’il devait y avoir un seul film d’animation à voir l’année précédente, s’il ne devait rester qu’un seul « Spider-Man » ces dix dernières années, immanquablement ce serait « Spider-Man : New Génération ». Ce long métrage d’animation fourmille de bonnes idées, visuellement et scénaristiquement. En brisant les codes de films de super-héros et particulièrement tout ce qui tourne autour de l’Homme Araignée, « Spider-Man : New Génération » réinvente le mythe et ancre son film dans ce qui se fait de mieux en matière d’animation. La scène post générique laisse supposer qu’un deuxième volet pourrait voir le jour, inutile de préciser que nous avons hâte.