Alors qu'il tente de se suicider en se jetant dans la Seine, Didier est secouru par Pascal, passant par là par pur hasard. Les deux hommes ne tardent pas à se lier d'amitié mais alors que Didier recommence à retrouver goût à la vie, Pascal se retrouve impliqué dans une affaire de meurtre ! C'est d'ailleurs "à cause" de Didier que Pascal est soupçonné...
En 1959, cela fait 5 ans que Lino Ventura s’est lancé dans une carrière d’acteur. Poussé par Jean Gabin qui l’a prit sous son aile depuis le tournage de « Touchez pas au Grisby ». Pendant ces 5 années, l’acteur va enchaîner les rôles toujours un peu identiques, qui vont mettre en valeur sa carrure et son passé d’athlète, notamment dans la lutte. Avec « 125 Rue Montmartre », l’acteur va amorcer un virage capital dans sa carrière. D’abord il va incarner, le rôle d’un crieur de journaux, métier maintenant disparu, que l’auteur du roman André Gillois, dont est inspiré le film, a bien connu. Si le film ne met pas suffisamment en valeur ce métier, l’auteur du roman éponyme (Le titre fait d’ailleurs référence à l’adresse des éditeurs de presse), passe beaucoup de temps à le décrire avec ses codes et n’hésite pas à le comparer parfois à une jungle où tous les coups sont permis mais où le code d’honneur est primordial. Ventura y trouvera l’occasion de changer de registre et de pouvoir, enfin s’affirmer comme acteur.
Ensuite, il fera pour la première inscrire dans son contrat son droit de regard sur le scénario, se créant de ce fait une réputation de comédien difficile, parce que méticuleux. Une difficulté que le réalisateur Gilles Grangier maîtrise depuis longtemps, lui, qui a déjà tourné plusieurs fois avec un autre acteur à la même réputation : Gabin. Il a notamment dirigé la star dans un chef d’œuvre : « Archimède le clochard », déjà sur des dialogues de Michel Audiard. C’est d’ailleurs toutes la force de ce film qui, en plus d’une mise en scène soignée, brille par des dialogues toujours aussi savoureux, qui collent parfaitement à ce Paris des années 50, avec son jargon de « titi parisien ». Immense dialoguiste, Audiard trouve toujours les répliques exactes, pour qu’elles semblent venir tout droit de l’esprit du comédien.
Histoire d’amitié, de solidarité et enquête sur un crime, le film plonge le héros dans une sorte de piège dont il peine à pouvoir sortir. Face à Lino Ventura, deux immenses acteurs diamétralement opposés à l’acteur principal. Robert Hirsch (Hiver 54) et Jean Desailly (Le Professionnel). Si l’acteur principal est instinctif, avec un jeu minimaliste, Hirsch vient du théâtre, (il y mènera une carrière beaucoup plus marquante qu’au cinéma), et compose avec précision ses personnages, pour se fondre en eux. Même chose pour Desailly, qui sera toujours habitué au cinéma aux seconds rôles mais leur donnera une dimension chaque fois différente, comme dans « 125, rue Montmartre » en rôle de commissaire, intuitif et drôle, qui ne se laisse pas prendre au piège du mensonge.
En conclusion, « 125 rue Montmartre » est un film majeur dans la carrière de Lino Ventura, notamment parce que l’acteur s’y affirme enfin, et trouve un rôle différent ce que le cinéma lui a donné jusque-là. La mise en scène de Gilles Grangier est précise et les dialogues de Michel Audiard, font toujours autant mouche.