Claire, jeune femme d’une grande beauté, suscite l’irrépressible jalousie de sa belle-mère Maud, qui va jusqu’à préméditer son meurtre. Sauvée in extremis par un homme mystérieux qui la recueille dans sa ferme, Claire décide de rester dans ce village et va éveiller l’émoi de ses habitants... Un, deux, et bientôt sept hommes vont tomber sous son charme ! Pour elle, c’est le début d’une émancipation radicale, à la fois charnelle et sentimentale…
Voici un film qui ne laisse pas forcément indifférent ! « Blanche comme neige », le nouveau film d’Anne Fontaine, est tout d’abord un film profondément féministe, qui suit les pas d’une jeune femme en pleine émancipation, psychologique d’abord, pusiqu’elle va apprendre à vivre sans l’oppressante présence de sa belle-mère, mais aussi sexuelle car elle va découvrir le plaisir de l’amour avec des hommes rencontrés dans une petite maison au cœur de la forêt alors qu’elle vient d’échapper, de justesse, à une tentative de meurtre organisée par sa marâtre. On le voit très bien, le conte n’est pas loin, même si la réalisatrice y puise des symboles, plus qu’une trame.
Alors bien sûr, le film ne s’adresse pas au jeune public qui serait tenté d’y voir une version live du premier classique Disney. Anne Fontaine est très loin de s’amuser à livrer une œuvre avec une héroïne fade et soumise comme celle du dessin animé. Ici, le scénario s’amuse à aller piocher dans une multitude de références y compris chez Hitchcock, pour créer une ambiance sombre et, dans le même temps, très légère afin que son personnage principal puisse se libérer de sa belle-mère. Avec une subtilité une profondeur remarquable, la réalisatrice qui a signé le scénario avec son coéquipier Pascal Bonitzer (Les Innocentes), construit une œuvre féministe, où l’émancipation est cœur d’une intrigue cousue avec intelligence.
Seulement parfois la mise en scène et le propos se perdent dans des suspensions bavardes qui ont tendance à perdre un peu le spectateur, comme lors de la première rencontre entre Claire et Vincent, personnage lunaire, impeccablement joué par Vincent Macaigne (Le Sens de la fête), qui patauge un peu dans la joute verbale, cassant ainsi le rythme narratif tenu depuis le début. Il y a une sensualité affirmée chez Anne Fontaine, mais jamais voyeuriste, qui font de ce film une expérience tout à la fois visuelle et sensorielle, que les acteurs participent à créer, à commencer par
Lou de Laâge (Les Innocentes) magnifique de magnétisme et de présence à l’écran. La qualité de son jeu, autant que son charme, fonctionnent et entraîne le spectateur dans l’aventure de cette héroïne. Face à elle,
Isabelle Huppert (Elle) rayonne toujours autant et continue de parfaire une carrière déjà bien remplie d’œuvres majeures.
En conclusion, si « Belle Comme Blanche-Neige » d’Anne Fontaine, peut dérouter et souffre de faiblesses liées à un scénario un peu bavard et à une mise en scène parfois un peu plombante, il n’en demeure pas moins un film séduisant et réalisé avec soin et précision. On aime cette façon que la réalisatrice a eu de s’approprier l’œuvre des frères Grimm et d’en faire une ode à la féminité et à l’émancipation, à une époque où les femmes se libèrent chaque jour un peu plus de cette oppression masculine, qui les a si souvent tenue à l’écart de tout.