« Ballet for Life’ » est un ballet unique créé en 1997 par le groupe Queen, le couturier Gianni Versace et le chorégraphe visionnaire Maurice Béjart sur des titres de Queen et des extraits d’œuvres de Mozart. La perte de deux interprètes légendaires, Freddie Mercury et le danseur Jorge Donn, tous deux décédés du sida en est à l’origine. Ce documentaire raconte la création du ballet grâce aux témoignages de Brian May, Roger Taylor et bien sûr des images d'archives de Freddie Mercury, Maurice Béjart et Gianni Versace. Le film s’achève avec « The Show Must Go On » où Elton John et Queen se retrouvent sur la scène de Chaillot lors de la première parisienne. Ce film marque la fusion ultime des mélodies émouvantes de Queen et de la grâce intemporelle du ballet. Une captation complète du « Ballet For Life » filmée à la Salle Métropole de Lausanne en 1997 accompagne le documentaire. En bonus, on retrouve le « making of » du ballet filmé à l’époque.
Brian May, Roger Taylor, Maurice Béjart et Gianni Versace avaient tout, malheureusement, pour se rencontrer et unir leur force pour aider à lutter contre la maladie qui décima des millions de personnes dans le monde à la fin des années 80 et durant toute la décennie suivante. Le Queen avait perdu leur leader et chanteur charismatique en 1991, Jorge Donn, le danseur star de la troupe de Maurice Béjart succomba à la maladie en 1992, et Gianni Versace perdit bon nombre de ses amis durant cette décennie. Alors, pour que tout le monde soit sensibilisé à cette maladie nouvelle dans ces années-là, ils décidèrent ensemble de rendre hommage à ces artistes hors normes, mais en filigrane également à tout ces anonymes qui succombèrent à la maladie infectieuse, qui rappelons le, à cette époque, était considérée comme ne touchant que les Homosexuels.
Et le programme que nous propose Eagle Vision, est avant tout, un documentaire qui décortique cet événement qui tourna de nombreuses années. Toujours joué actuellement, ce spectacle baptisé : « Le Presbytère », est présenté sous toutes ses formes, des moments de bravoures, de l’histoire de certains passages, aux témoignages de ses anciens et nouveaux danseurs qui se donnèrent à corps perdu dans des danses, enflammées ou à la sensualité désarmante. Les deux musiciens de Queen, qui ont toujours autant, à cœur de rappeler que Queen était un groupe et non Freddie Mercury et ses musiciens, reviennent pour parler de ce projet fou, qui, pourtant coulait de sens, tant la musique du groupe était imprégné d’Opéra et leur leader disparu se déhanchait sur scène comme un danseur de ballet.
Aux détours d’extrait du ballet, nous découvrons des artistes profondément touchés par la mort de leurs amis, de leurs proches et certains se lancent également dans une confession, comme lorsque Gil Roman parle de Maurice Béjart et ce lien intime qui l’unissait à Jorge Donn, ou encore les membres de Queen qui parlent non sans émotion de Freddie Mercury et de ses derniers moments, de la mémoire qui ne s’efface lorsqu’ils ont appris sa mort ou encore l’ultime prestation de John Deacon lors de la captation à Lausanne, où le bassiste semblait perdu dans une euphorie qu’il ne partageait et une émotion qui le submergeait.
Mais le programme ne s’arrête pas à un simple documentaire sur un ballet, il nous propose une captation intégrale du ballet. Filmé à Lausanne, il nous montre à quel point le chorégraphe était avant tout un fabuleux conteur d’histoire, capable de nous emmener dans des émotions brutes. Un spectacle à la sensibilité à fleur de peau, dans lequel la musique du dernier album de Queen (celui enregistré au rythme de la maladie du chanteur et dont les moins mots résonnent comme un message crépusculaire. La maladie est présente dans chaque phrase au détour de chaque vers, mais en gardant une place confortable au courage. Celui d’être encore capable de regarder la mort en face, de lui faire l’affront de ne pas avoir peur et de prévenir les autres de la nécessité de se préserver.
En conclusion, amateur ou néophyte assumé de l’art de la danse, ce « Ballet for life » ne laisse pas insensible, particulièrement si vous avez visionné en premier le documentaire qui permet une approche plus sensible de ce spectacle hors normes, où la musique d’un groupe de rock rencontre les gestes gracieux des danseurs du ballet de Béjart et les costumes de Versace. Puissant et magnifique, ce programme, qui arrive après le raz de marée « Bohemian Rhapsody » donne tout son sens à la musique, aux inspirations et à l’émotion des ces artistes, à qui l’amour à fait la guerre, comme le dit si bien Gil Roman sur le site du ballet de Béjart.