A la tête de la brigade des stupéfiants à Marseille, le commissaire Philippe Jordan est déterminé à mettre sous les verrous Sauveur Meccaci, un des barons de la drogue. Véritable tête brulée, il s'attire les foudres de ses supérieurs et est muté dans un "placard à balais" à Paris. Ne perdant pas de vue son objectif, Jordan continue son enquête et infiltre les trafics illicites du truand, qui sévit également dans la capitale. Mais réalisant que Meccaci est intouchable, le policier va utiliser ses propres méthodes, illégales certes, mais dignes d'un marginal.
En pleine gloire, Jean Paul Belmondo qui a définitivement amorcé son virage film d’action testostéroné avec des répliques à la Audiard, depuis « Peur sur La Ville », « Le Professionnel » ou encore « L’Animal », signe avec « Le Marginal » une prestation tout en nuance, beaucoup moins ciselé que lorsqu’il tournait pour Godard (A Bout de Souffle), Melville (Léon Morin Prêtre) ou encore Verneuil (Un Singe en Hiver). Mais voilà, Belmondo est devenu une star du cinéma policier et d’action française, qui à l’exacte opposée de son rival Alain Delon, ne se prend pas au sérieux, même si chaque film est l’occasion pour l’acteur de repousser ses limites en assurant lui-même les cascades qui pullulent dans ses films, comme dans celui-ci où l’acteur saute d’un hélicoptère sur un Hors-Bord lancé à pleine vitesse. Jean Paul Belmondo, distribue les baffes autant que les coups d’éclats et le public en redemande.
Sur fond de trafic de drogue et de corruption, Jacques Deray à qui l’on doit : « La Piscine », film majeur dans l’histoire du cinéma français, signe là un film d’action efficace dont les dialogues savoureux de Michel Audiard résonnent encore dans nos mémoires, à l’instar de : « Georges, Alors ce Steak ? », que le personnage de Commissaire Jordan lance en conclusion à une scène où il administra une sérieuse correction à des voyous sans vergognes. Le dialoguiste qui signa là l’un de ses dernières grandes envolées avant de disparaitre trois ans plus tard, vient compléter une mise solide et efficace qui met évidemment en valeur toutes les qualités physiques de sa star. Car, comme Delon, Belmondo est devenu producteur de ses films et ses derniers, s’ils ne manquent pas d’intérêt se construisent autour de l’acteur et servent à alimenter sa popularité.
Pourtant, le scénario ne manque pas de consistance, et même si on peut lui reprocher de graviter autour de Jean Paul Belmondo, il ne manque toutefois pas de qualité et parvient même à donner une image, que l’on imagine assez juste d’une pègre qui ne cesse de gangrener une ville qui pourrait pourtant se limiter à faire rayonner le soleil qui lui caresse les artères. Le destin en a voulu autrement et « Le Marginal », comme « Borsalino », autre film de Jacques Deray dépeint une Marseille bien sombre en construisant une intrigue solide qui ne se limite pas eux petits truands, mais tisse une toile qui touche également les sphères politiciennes.
En conclusion, « Le Marginal » est un film d’action à la française efficace et beaucoup plus complexe qu’il n’y parait, dans lequel Jean Paul Belmondo continue de cultiver son capital sympathie, avec une mise en scène soignée et rigoureuse de Jacques Deray et les inévitables et tellement savoureux dialogues de Jacques Audiard.