Tout sourit à Fouad, jeune acteur star d’une série télévisée et fiancé de Jasmine, la fille du candidat favori à l’élection présidentielle, Idder Chaouch. Mais le jour de l’élection, Chaouch est la cible d’un tireur… qui appartient à la famille de Fouad. L'homme, dont le monde s’écroule, décide d’enquêter de son côté soutenu par Marion, la responsable de la sécurité du président... Vengeance, lutte fratricide ou manipulation ?
Depuis plusieurs années, Canal + s'est lancé dans une stratégie de création de séries en nous livrant chaque fois des œuvres abouties, pointues et en même temps terriblement divertissantes. Nous pouvons bien sûr citer : « Le bureau des légendes », « Guyane » ou encore « Versailles ». Avec « Les Sauvages », la chaîne se lance dans la fiction politicienne, dans lesquels, différents personnages gravitent autour d’un candidat à la présidentielle, issue de l’immigration. Une pléthore de conseillers, directeurs de cabinets, de politiciens aux dents acérées et de famille aux drames internes extrêmement ancrées dans des passés ou des présents qui mettent à mal tous les liens qui unissent les uns et les autres.
Adaptation de la série de romans de Sabri Louatah, « Les Sauvages » raisonne évidemment comme une peinture assez acerbe de notre société, que ce soit de cette France qui n’est pas forcément prête à élire un candidat issu de l’immigration, une France qui se cache souvent sous des bonnes pensées qui ne sont pas forcément suivies d’effets. Il suffit de voir ce débat malsain sur le voile, qui resurgit à la moindre occasion. Mais heureusement, la série a tout de même l’intelligence de ne pas ménager non plus les familles qui entourent tout ces personnages, notamment avec le grand frère en prison qui semble vouloir pratiquer un islam plus radical que ce que tout le monde peut penser, ou alors cet autre frère qui s’est éloigné sur Paris sans forcément assumer son statut d’enfant venu de quartier populaire. Et la série de suivre toute une série de portraits souvent au vitriol pour mieux amener chacun à réfléchir sur la complexité des liens qui unissent tout ces personnages et, bien sûr, de l’impact que cela peut avoir sur notre société.
Et c’est peut-être la faiblesse de cette série ! Si la mise en scène est parfaitement maîtrisée, avec une tension palpable du premier au dernier épisode, le scénario ne peut s’empêcher de faire dans une certaine mesure dans la peinture presque caricaturale d’une partie de la société qui voudrait bien ne plus être renvoyée à ses origines et assumer pleinement son statut de français à part entière. Ici, il y a systématiquement le détenu radicalisé et assez peu pour lui faire un contre point, si ce n’est le jeune, par qui tout se dégrade, mais dont on sent la fragilité. Si l’auteur, qui a également participé à l’écriture du scénario revendique un souci de crédibilité, il appuie quand même sur des points que l’on a déjà vu tellement au cinéma et qui ne semble pas prêt à voir la population maghrébine être présentée autrement que comme une source de conflit et de crainte. Sans pour autant vouloir tirer sur une série, qui se révèle de grande qualité, le visionnage de chaque épisode, passionnant au demeurant ne peuvent empêcher une question : Ne peut-on pas avoir un discours positif sur cette partie intégrante de la société ? Montrer des familles dont l’un est systématiquement en prison et souvent radicalisé, ou un autre qui refuse ses origines, sans parler de celui qui ne peut assumer son homosexualité par la pression d’une partie de la famille, n’est ce pas encourager les pensées haineuses et avariées des mouvements extrémistes ?
Pour conclure, Canal + nous a habitué depuis un plusieurs années déjà à suivre des séries de grande qualité qui ont la particularité d’être des créations originales. « Les sauvages » est une nouvelle preuve du savoir-faire de la chaîne en nous plongeant dans une intrigue policière de grande qualité, où la fiction peut rapidement rejoindre la réalité. Un seul regret tout de même, que le sujet ne puisse éviter la peinture parfois caricaturale d’une partie de la société qui aimerait bien se voir à la télévision française dans un discours positif, qui puisse faire taire les paroles nauséabondes qui continuent de la montrer comme un terreau du terrorisme.