L'histoire vraie de Bryon “Pitbull” Widner, membre d'un gang de néo-nazis qui fera face à des conséquences mortelles lorsqu'il décidera de changer de vie…
Comment regarder ses propres dérives nationalistes portées par un président qui ne sait pas faire dans la demi-mesure, alors qu’il se trouve à la tête de l’une des plus grandes puissances mondiales ? Et bien en réalisant un film sur un jeune homme aux idéologies néo-nazistes, qui veut se sortir de cette spirale de haine et de violence, et qui va devoir lutter contre ceux qu’il considérait comme sa famille. Le réalisateur d’origine israélienne : Guy Nattiv, a décidé de porter cette histoire qui, forcément, raisonne particulièrement dans son esprit.
Evidemment ce problème de la liberté de parole poussée à son paroxysme aux Etats-Unis, pose des questions d’éthiques et de limites, lorsque des groupuscules continuent inlassablement, et encore plus depuis l’arrivée de Trump à la Maison-Blanche qui a libéré la parole, de déverser leur propos haineux. Ce qui pouvait être intéressant dans le scénario de Guy Nattiv, qui s’inspirait de l’histoire vraie de Bryon « Pitbull » Widner, c’était justement de voir comment ce personnage, rongé par la haine que lui inculque sa famille d’adoption, pouvait avoir envie de se sortir de cet engrenage et comment il prit conscience des dérives de son groupe, autant que des siennes. Mais voilà, si l’histoire, basiquement reste révoltante, il est difficile, pour le spectateur de réellement percevoir cette soudaine prise de conscience et surtout comment l’élément déclencheur que fut cette femme, mère de deux enfants, fut à ce point un choc révélateur de son insupportable idéologie.
Et avec une mise en scène parfois un peu brouillonne, le réalisateur a tendance à perdre le spectateur dans une succession de plans et de montage qui ne sont pas sans rappeler le Dany Boyle des années « Trainspotting », sans pour autant cette petite touche de folie, d’humour, qui, même avec un sujet aussi grave permet de toucher le cœur et la conscience du spectateur. Il suffit pour cela de voir le dernier Spike Lee : « Blackkklansman » pour s’en rendre compte. Ici le réalisateur signe une œuvre âpre, sombre et dont le trait un peu trop appuyé, pour mieux toucher la saleté crasse de la violence et des idées du groupe, viennent provoquer l’exact opposé de ce que le réalisateur aurait voulu faire. Sorte d’« American History X », « Skin » ne parvient jamais à réellement convaincre par un ton soit trop appuyé sur les caricatures que représentent les personnages, soit par un scénario qui ne parvient à réellement à dessiner les contour d’une rédemption.
Il y a tout de même la composition de Jamie Bell qui a fait bien du chemin depuis « Billy Elliott » et vient confirmer ici, un talent évident pour s’installer dans la peau de personnages ultra-violent avec une aisance et une crédibilité remarquable. Face à lui,
Danielle Macdonald, qui nous avait déjà fait preuve de son talent remarquable dans «
Patti Cakes » de Geremy Jasper en 2017, confirme un talent évident pour les personnages torturés et à la force mentale puissante.
« Skin » est donc une déception par une mise en scène et un scénario, un peu trop légers, qui ne vont pas assez loin dans la peinture de la rédemption de ce jeune homme, et pousse souvent plus vers la caricature que vers la finesse. Reste les compositions remarquables de Jamie Bell et Danielle Macdonald.