Trois modestes apprentis héros, Roy surnommé M. Furieux, le gentil Jeffrey, spécialiste du lancer de fourchettes appelé le Fakir bleu et Eddie, virtuose du maniement de la pelle, arpentent les rues de Champion City dans l'espoir d'exercer leurs dons contre quelque méchant et ainsi attirer l'attention des médias. Seulement Champion City a déjà son héros, capitaine Admirable, bien sous tout rapport et vaniteux comme un paon. La chance se présente aux trois lascars quand ce dernier se fait séquestrer par le terrible Casanova Frankenstein.
« Mystery Men » pourrait tout aussi bien s'appeler « Mystery Movie », tant ce film est hors du commun dans sa création tout autant que dans la période à laquelle il est sorti. Car, alors que l'industrie cinématographique ne connaissait pas encore les films de super-héros survitaminés, le réalisateur français Kinka Usher, tout juste auréolé du prix du meilleur réalisateur de publicités de la Director's Guild of America, se lançait avec Ben Stiller dans la première parodie de films de super héros. Une surprise pour un style encore fort peu connu dans ce début d'année 2000, qui devait voir déferler la vague « X-Men » sous la baguette de Bryan Singer et ne savait pas encore que Disney s’apprêtait à imposer ses mastodontes de chez Marvel.
Plus proche du style d'un « Zoolander » (Ben Stiller, 2001) que d'un « Mary à tout prix » (Peter et Bobby Farrelly, 1998), « Mystery Men » nous embarque dans un style burlesque, où rien ne se prend au sérieux et où tout est fait pour rendre ces personnages ridicules aussi attachants que possible. Devenue culte au fil des années, cette parodie n'en demeure pas moins inventive et résolument drôle, pour peu que l'on fasse l'effort de passer la scène d'ouverture qui place le curseur, d'emblée, dans la case « grand n'importe quoi naïf ». Car chacun des personnages, qui forment cette aventure, sont liés par des pouvoirs, assez peu glorieux, avec des costumes sont outrageusement grossiers, pour que l’on comprenne tout de suite que l’on n’est pas dans un véritable film de super-héros. D’ailleurs la grande force du scénario de « Mystery Men », c'est avant tout de positionner ses héros avec un pied dans la réalité et l'autre dans le fantasmé. Ils ont chacun leurs fêlures et chacun ont des pouvoirs dont tout le monde doute de la réalité. Et c'est là que le film atteint son but ! Car si l'idée peut paraître simple, elle n'en demeure pas moins intelligente et se retrouvera de manière quasiment systématique dans les films de super héros. On y verra ainsi des personnages en plein doute sur leurs capacités autant que leur entourage circonspect.
Et puis il y a les surprises de la distribution, Ben Stiller, qui amorçait là un virage burlesque, après le carton planétaire de « Mary à Tout Prix ». L’acteur s’amuse comme un fou à singer les personnages de super-héros, comme Hulk, dont le sien fait directement référence. L’acteur pousse un peu plus le curseur de son personnage de doux illuminé pour ne jamais perdre de vue une certaine tendresse. A ses côtés, William H. Macy (Fargo), change radicalement de registre, et l'on pourrait presque imaginer sans trop d'efforts, qu'il pose les premières pierres de la composition qu'il donnera dans le remake US de la série « Shameless ». C’est surtout Paul Reubens, qui créé la surprise. Lui qui avait connu la gloire et la déchéance avec son personnage de « Pee Wee Herman » trouvait ici l’occasion d’un retour en grâce en abandonnant son pseudo.
En conclusion, « Mystery Men » est un film parodique sur un style qui ne faisait pas encore de très grande recette, à l’époque de sa sortie. Presque 20 ans plus tard, le film sonne comme une œuvre visionnaire qui pourrait être la pièce inspirante d’autres œuvre moins dans la caricature comme la série « The Boys » sur Amazone Prime.