Justin Whitter, 10 ans, disparaît alors qu'il faisait du vélo dans un parc. L'inspecteur de police Greg Harper en charge de l'affaire découvre de nombreuses similitudes avec de précédents cas d'enlèvements d'enfants dans la région. Au même moment, son épouse Jackie et leur fils Connor font face à des phénomènes étranges et inhabituels dans leur maison : vaisselle qui disparaît, télévision qui s'allume toute seule... Rien qui ne les inquiète vraiment, et pourtant...
Réalisateur du remarqué et remarquable « IBoy » dans lequel un jeune homme voyait sa vie bouleversée après avoir reçu un Iphone sur la tête, Adam Randall s’est vu confié la réalisation d’un thriller écrit par Devon Graye, acteur que l’on a déjà vu dans de nombreuses séries telles que « Bones » ou encore « Flash » et qui signe ici son premier scénario. Et pour un premier essai c’est une belle réussite. Car, non content de nous emmener dans une intrigue sombre où les événements s’enchainent de façon assez dramatique, le scénariste ose le pari de nous livrer une histoire à deux intrigues qui se rejoignent de façon inéluctable à la fin. Avec une audace intéressante, il parvient à nous entraîner dans une première intrigue, somme tout assez classique, qui emmène le spectateur dans un sens, puis avec une assurance désarmante, il reprend les rennes de son scénario et remonter le fil de son scénario pour en livrer une nouvelle version, jusqu’à une conclusion parfaitement maîtrisée, même si le twist final, finit par s’éventer rapidement.
Et c’est là que toute la mise en scène d’ Adam Randall prend tout son sens. Car le réalisateur semble avoir été particulièrement inspiré par la qualité du scénario de Devon Graye. Il suffit de voir la scène où Justin Whitter disparait pour s’en rendre compte. Virtuose, inventive, en un plan, un ralenti et une impressionnante assurance, le réalisateur installe la signature de son film jusqu’au changement à la moitié du film. Le réalisateur manie son art avec beaucoup de précision et offre un spectateur des sensations un peu oubliées dans ce type de film. A cheval entre le film d’horreur, le fantastique et le thriller, Adam Randall en utilise tous les codes avec beaucoup de précision en les faisant se renouveler chaque fois.
Côté distribution, il est bon de retrouver Helen Hunt, la star de « Pour le pire et pour le meilleur » de James L. Brooks (1997) et « Ce que veulent les femmes » de Nancy Meyer (2000), après quelques années de retour à la télévision. L’actrice incarne un personnage tout en complexité qui doit se battre contre une erreur passée qui gangrène sa famille. Toujours aussi impressionnante même dans les plus petits gestes ou les plus petits regards, l’actrice capte tout l’attention à chaque apparition. Face à elle, la jeune génération se révèle particulièrement efficace, à commencer par Owen Teague (Ca Chapitre 1 et Chapitre 2) et Judah Lewis (Summer of ’84) qui parviennent avec beaucoup de brio à imposer des prestations tout en opposition pour le premier et en colère pour le deuxième.
En conclusion, « I see You » est un film indépendant qui joue en permanence sur le frontière très fine entre film d’horreur et thriller. Le film se base sur un premier scénario impeccablement écrit qui souffle constamment le chaud et le froid. La mise en scène d’Adam Randall est inventive et a su digérer tous les codes des genres qu’il parcourt.