Mai 1940. La guerre s’intensifie, l’armée française s’effondre, les Allemands seront bientôt à Paris. La panique gagne le gouvernement qui envisage d’accepter la défaite. Un homme, Charles de Gaulle, fraîchement promu général, veut infléchir le cours de l’Histoire. Sa femme, Yvonne de Gaulle, est son premier soutien, mais très vite les événements les séparent. Yvonne et ses enfants se lancent sur les routes de l’exode. Charles rejoint Londres. Il veut faire entendre une autre voix : celle de la Résistance.
Alors, bien sûr il y eut la mini-série TV « Charles De Gaulle » magnifiquement portée par un Bernard Farcy très incarné. Mais le cinéma n’avait jamais vraiment rendu hommage à cette figure majeure majeur de l’histoire française et particulièrement de la résistance durant la seconde guerre mondiale. Mais bien sûr, le général De Gaulle c’était bien plus que ça, c’était un homme de cœur, de passion, un mari attentif et père passionné. Sa droiture ne fait aucun doute tout comme ses défauts. Du coup, un biopic est forcément source d’attentes importantes, tant la personnalité est importante et tutélaire dans un pays qui en recherche une nouvelle depuis bien longtemps.
Et le réalisateur Gabriel Le Bomin (Nos Patriotes) l’a bien compris. Avec sa co-scénariste Valérie Ranson Enguiale, ils se sont intéressés à une époque charnière de la vie de ce Général hors du commun : les quatre semaines qui précédèrent l’Appel du 18Juin. Cette période trouble où le pays se perd dans des luttes politiques qui vont le mettre un genou à terre, forçant De Gaulle à s’opposer aux figures de l’histoire, à l’instar du Maréchal Pétain. Un combat que l’on imaginait intense en tractations en tout genre, notamment avec l’autre grande figure de ce conflit : Winston Churchill. On voit très rapidement en visionnant le film, que le scénario a décidé d’un angle d’attaque, à la fois symbolique (Son combat pour que le pays résiste aux allemands) et en même temps plus romanesque (les rapports entre De Gaulle et sa famille, particulièrement avec sa fille Anne, atteinte de trisomie).
Et si le duo confesse aisément avoir pris des libertés concernant l’intimité du couple, il est évident que les grandes lignes historiques sont respectées et que cette liberté permet de pouvoir mieux approcher l’homme derrière le mythe et la figure hautement historique. De ce côté-là, le film « De Gaulle » est une réussite parce qu’il permet une approche moins scolaire de De Gaulle et permet surtout de mieux comprendre à quel point le combat fut rude que ce soit pour le pays ou pour l’homme lui-même. Cela permet également au réalisateur de ne pas se laisser enfermer par les codes de la reconstitution historique, tout en y restant fidèle. Le choix de cette période est évidement judicieux, pourtant il empêche tout de même de mettre en lumière les nuances de l’homme et limite parfois un peu trop Yvonne De Gaulle à un rôle secondaire, et ne permet pas de réellement toucher l’importance de cette femme dans le combat du général.
C’est d’ailleurs tout le paradoxe de la mise en scène de Gabriel Le Bomin que d’avoir une approche presque romantique du couple et de ne pas trouver la fluidité nécessaire pour donner au personnage « De Gaulle » toute cette complexité qui le rendit si important dans l’histoire de notre pays. Et même si le réalisateur a chois de prendre des libertés avec l’histoire personnelle du Général pour le rendre plus homme, il ne parvient pas à éviter le piège de certaines postures et passe malheureusement sous silence, une partie de cette France qui poussa également De Gaulle vers la résistance, c’est le soutien d’une grande partie de la population à Pétain, figure paternelle, à l’époque tout du moins, qui cachait, tout de même, une volonté, non pas de limiter le nombre de morts mais devenir partenaire de l’Allemagne Nazis.
Et c’est bien le résumé des sentiments que suscitent ce film. Nous avons l’impression de voir une biographie qui survole, finalement, l’histoire n’en garde que le nectar pour en oublier la lie. Du coup, le spectateur en ressort avec une impression d’inachevée, que ce soit sur la peinture du combat, comme sur celle d’Yvonne De Gaulle que l’on ne parvient pas à ressentir comme une pierre angulaire de l’existence du général.
« De Gaulle » est, au final, un film mené par honnêteté indéniable, et ce n’est certainement le jeu des acteurs qui viendra le démentir, tant Lambert Wilson et Isabelle Carré sont impeccables comme à leur habitude, mais pourtant, le film ne peut cacher un certain sentiment d’inachevé, tant le film, qui se concentre sur une partie charnière de l’histoire de Charles De Gaulle, manque de nuance dans la peinture du personnage, et n’explore pas suffisamment l’environnement sociétale de ce début de seconde guerre mondiale autant que le rôle majeur qu’Yvonne joua auprès de lui.