Depuis sa plus tendre enfance, Henry Hill, né d'un père irlandais et d'une mère sicilienne, veut devenir gangster et appartenir à la Mafia. Adolescent dans les années cinquante, il commence par travailler pour le compte de Paul Cicero et voue une grande admiration pour Jimmy Conway, qui a fait du détournement de camions sa grande spécialité. Lucide et ambitieux, il contribue au casse des entrepôts de l'aéroport d'Idlewild et épouse Karen, une jeune Juive qu'il trompe régulièrement. Mais son implication dans le trafic de drogue le fera plonger...
Martin Scorsese s’est souvent inspiré de sa propre enfance au cœur du quartier de « Little Italy » pour donner corps à ses réalisations. Et après « Mean Streets » en 1973, ce fut donc au tour du roman de Nicholas Pilleggi de se retrouver dans les papiers du maitre Américano italien. Avec « Les Affranchis », Martin Scorsese plonge un peu plus dans les arcanes de ce milieu mafieux qui fascine et terrorise tellement en même temps. Avec ses codes, ses honneurs, ses connexions et ses dangers. Comme toujours, prend ses inspirations dans plusieurs sources, y compris personnelles pour mieux agrémenter son propos et offrir une œuvre puissante et à la hauteur de son sujet. C’est ainsi que dans « Les Affranchis », l’un des scènes marquantes, celle ou Tommy, personnage joué par Joe Pesci (L’Arme Fatale) terrorise Henry interprété par Ray Liotta (Copland) avec cette phrase : « You think I’m Funny ? », fut écrite par Joe Pesci lui-même à la demande du réalisateur qui s’était inspiré d’une scène qu’il avait vu alors qu’il était enfant dans le quartier de Little Italy à New-York.
Violent et drôle parfois, « Les Affranchis » est une plongée en immersion dans une micro-société qui répond à ses propres lois, avec son code de l’honneur suivit comme un sacerdoce. Le réalisateur embarque sans aucune concession dans l’univers de ces mafieux qui virent leurs grandes heures sur plusieurs décennies. Passant d’une scène légère à une tension extrême, de la même manière que ces hommes, dont l’humeur peut changer aux rythmes des dérapages, des trahisons ou des perceptions que peuvent en avoir les uns et les autres. Parfois mutiques et inquiétants, ils peuvent également être extravertis et ouvertement dangereux, comme le personnage de Tommy. Et Scorsese de continuer son exploration d’un monde qui s’emble l’hypnotiser. Notamment parce qu’il offre au réalisateur la possibilité incroyable de peindre des personnages hauts en couleurs, mais à la noirceur sous-jacente qui contraste en permanence avec l’image qu’ils reflètent. Scorsese trouve ici des héros à l’ambiguïté persistante, à la fois capable de meurtres de sang-froid pour des futilités telles qu’une boutade, ils sont aussi des pères et des maris aimants.
« Les Affranchis », ce n’est pas simplement, un énième film de mafieux, c’est avant tout une peinture d’une société qui fut régit par des codes d’honneur, et qui joua en permanence entre pouvoir et oppression, amour et haine. Le réalisateur livre un film sombre, à l’instar de la couleur qu’il lui donne. Son directeur de la photographie Michael Ballhaus (Gangs of New-York) offre d’ailleurs une texture particulière au film en jouant continuellement sur les rouges pour mieux appuyer l’inquiétante atmosphère dans laquelle évoluent les personnage soue encore, des éclairages tout en nuance pour la majorité des scènes, dont il est bon de préciser qu’elles furent tournées en extérieur, dans le Queens, le New-Jersey, à Manhattan ou encore à Coney Island à Brooklyn.
En conclusion, « Les Affranchis » est un film de Martin Scorsese qui marqua par le contraste permanent que le maitre entretien entre violence et intimité de ces mafieux qui tiennent un quartier et veulent étendre leur pouvoir, notamment en se lançant avec plus ou moins de contrôle dans une grosse affaire qui les mettra à l’épreuve. Le réalisateur soigne sa narration et son image et offre l’un des films majeurs sur le sujet.