Dans les années 1970, la Corée est sous la houlette du président Park, qui contrôle d’une main de fer la KCIA, l’agence de renseignements coréens. KIM Gyu-Pyeong, un commandant prometteur de la KCIA, voit sa vie être bouleversée lorsque l’ancien directeur de l’agence refait surface, avouant qu’il connaît toutes les affaires louches dans lesquelles a trempé le gouvernement. Alors que la tension monte, chaque parti tente de dissimuler son jeu, avant que n’éclate au grand jour la vérité…
L'histoire de la Corée n'est pas très connue en France, particulièrement celle qui concerne la Corée du Sud. Notamment cette partie sombre où le président Spark avec le soutien des services secrets tristement nommés la KCIA ont posé une chape de plomb sur les populations. Une pression et un contrôle qui s’étendent sur toutes les branches du pouvoir et donnèrent au président toute latitude pour imposer sa loi, de la même manière qu'un dictateur. Et dans cette lignée des grands oppresseurs, le président Spark n'hésitait pas à utiliser la méthode létale pour faire taire ses opposants.
Construit dans la plus pure tradition du film d'espionnage, « L'homme du président » nous plonge dans les coulisses d'un pouvoir dont on a peu a peu oublié qu'il ait pu exister. Sur le même principe que son cousin russe, feu le KGB, la KCIA terrorisaient les populations en s'insinuant partout, dans les rues, dans les foyers, mais surtout cet organe d'espionnage devenait encore plus dangereux dés lors que vous étiez proche du président. Ici, outre l'affaire qui vise à faire taire tous ceux qui pourrait dévoiler des secrets concernant le président, ce dernier nous apparaît comme un lion en pleine agonie pétrie de doutes et de peurs de perdre ce qu'il a de plus cher : son pouvoir. Le réalisateur Minh-ho Woo (The Drug King) nous propose à grande renfort d’une mise en scène qui rappelle les plus grands films d’espions des années 70-80, jusqu’à la réalisation soignée d’un Steven Spielberg dans « Le Pont des Espions ». Sobre mais efficace, Minh-ho Woo soigne ses effets particulièrement dans les scènes de tension, notamment autour du personnage du traitre qui petit à petit va sombrer dans une paranoïa oppressante.
Auteur du scénario, Minh-ho Woo maitrise son sujet et parvient avec beaucoup de subtilité à nous entrainer dans un pan de l’histoire de la Corée du Sud qui aboutira en 1979, à l’assassinat du Président Park. Mais ce qui semble intéresser le réalisateur c’est avant tout la traque obsessionnelle, avec l’aide de ses services secrets, portée par le président Park envers tout ceux qui voudraient livrer ses secrets au monde. Comme un lion qui se sait déjà à l’agonie, ses apparitions montrent l’homme derrière la fonction. Il parvient également avec un véritable sens de l’écriture et du rythme à nous entrainer dans une histoire d‘espionnage passionnante et complexe.
Pour porter son histoire le réalisateur se repose également sur les prestations impeccables de froideurs et de maitrises de ses acteurs principaux : Lee Byung -Hun (Les 7 Mercenaires) et Sung-Min Lee (Entre deux rives). Le premier, véritable star, à la carrière internationale, dans son pays, impose un prestation toute en froideur et en doute, à mesure que l’intrigue avance. Jamais dans la caricature, le second offre une prestation toute en douleur et en nuances pour mieux nous entrainer dans la psyché d’un dictateur dans le déclin.
En conclusion, « L’Homme du Président », suit, sous la forme d’un film d’espionnage redoutablement efficace, les dernières années d’un président qui a plus des allures d’un dictateurs tant il utilise ses services secrets afin de faire taire ses opposants (Est-ce que cela ne nous rappelle pas quelque chose dernièrement, dans un autre pays pas si éloigné ?). Le scénario est intelligemment écrit, et la mise en scène efficace.