Joseph Turner est un agent de la CIA chargé de réunir un maximum d'informations dans les livres d'espionnage afin d'en glaner des idées et de trouver les fuites quant aux pratiques de l'agence de renseignements. Sa vie va changer lorsqu'il retrouvera tous ses collègues assassinés pendant la pause-déjeuner. Turner, sous le pseudonyme de Condor va, dès lors, se lancer dans une course contre-la-montre dans le but de mettre au jour un réseau d'espions infiltré au cœur même de l'agence.
En pleine effervescence liée au scandale du « Watergate », Sydney Pollack signe l’un des films d’espionnage les plus anxiogène de son époque avec « Les 3 jours du Condor ». Adaptation du roman de James Grady : « Six Days of the Condor » (1974), le film du réalisateur prend une tournure bien politique que le roman, et pour cause, Pollack et ses scénaristes Lorenzo Semple Jr (Jamais plus jamais) et David Rayfield (Autour de Minuit), vont s’inspirer du scandale qui a mené à la démission de Richard Nixon. Ici, tous les arcanes du pouvoir et notamment la CIA, pour ne citer qu’elle, sont impliqués dans cette affaire qui va plonger la vie de Joseph Turner dans le chaos le plus insupportable. En effet, alors qu’il travaille à récolter des informations dans des livres d’espionnage pour le compte des services secrets américains, il découvre que tout ses collègues ont été assassinés en son absence et il ne devra compéter que sur son anticipation et son intelligence pour se sortir des pièges qui lui sont tendus.
Très loin d’être une œuvre ancrée dans son époque, « Les 3 jours du Condor », même s’il accuse ses 45 années, n’en demeure pas moins un bijou d’espionnage où la mise en scène du réalisateur n’hésite pas les scènes chocs comme lors de l’assassinat des collègues, qui non seulement surprend par sa soudaineté, alors que l’on s’y attendait, mais bénéficie d’un rythme assez soutenu pour son époque. Et même, si parfois, le film souffre de quelques longueurs, ce n’est que pour mieux permettre au public de reprendre son souffle pour la suite qui va le captiver et le marquer assez durablement. Jamais dans l’excès inutile, le réalisateur et ses scénaristes tissent une toile aux ramifications multiples qui vont se dénouer au fur et à mesure que le héros va avancer dans son intrigue. Beaucoup moins décalé ou fantaisiste que James Bond, « Les 3 Jours du Condor » est un film qui se veut ancré dans la réalité et fait utiliser les accessoires du moment sans chercher à recourir à des gadgets en tout genre.
Evidemment, « Les 3 jours du Condor » c’est surtout l’un des rôles importants de la star Robert Redford (Captain America : Le Soldat de l’Hiver). L’acteur qui s’est déjà forgé une carrière florissante avec des films tels que « Gatsby le magnifique » de Jack Clayton (1974), « L’Arnaque » de George Roy Hill (1973), « Jeremiah Johnson » de Sydney Pollack (1972) ou encore « Butch Cassidy et le Kid » de George Roy Hill (1970), retrouve donc le réalisateur avec qui il fera en tout 7 films, pour plonger son personnage dans une atmosphère paranoïaque dont il va se servir pour imposer un personnage sérieux, mais en même temps non dénué parfois d’un brin d’humour. Face à lui l’actrice Faye Dunaway, en atout charme, compose un personnage beaucoup moins insipide qu’il n’y parait puisqu’elle va apporter toute sa subtilité et son charisme. Enfin, « Les 3 jours du Condor », c’est aussi l’occasion de retrouver l’acteur Max Von Sydow (Star Wars VII : Le Réveil de la Force) dans un de ses rôles les plus marquants.
En conclusion, Sydney Pollack et Robert Redford tourneront ensemble sept fois et « Les 3 jours du Condor » est l’un des plus beaux fleurons de cette collaboration. Anxiogène et paranoïaque, ce film d’espionnage est une réussite puisqu’il parvient avec brio, à donner une vision plus politique et moins fantaisiste que les « James Bond » par exemple.