Danny est un ancien taulard qui aspire à une vie tranquille. Il se prend d'affection et d'amitié pour sa logeuse et Clara, la petite fille de cette dernière avec qui il développe une relation paternelle. Cependant, la vie paisible dont il rêvait est brutalement interrompue lorsque la petite Clara est victime d'une agression. Afin de la venger, Dany va de nouveau avoir recours à la violence.
Romancier à succès, nous lui devons notamment : « Du Vide plein les yeux » et « Balancés dans les Cordes », Jérémie Guez s’est également lancé dans la réalisation avec ce premier long métrage : « Bluebird » qui puise dans ce qu’il maitrise de mieux : Le Polar. Pourtant, pour son passage derrière la caméra, l’écrivain a choisi d’adapter l’œuvre d’un écrivain américain. « The Dishwasher » de Dannie M. Martin est un roman sombre, que l’auteur a écrit alors qu’il était en prison, dans lequel le personnage, tout juste sorti de prison, qui trouve un boulot de plongeur dans un établissement tenu par une femme qui élève seule sa fille. Un matériau de base qui permet au réalisateur de tirer une œuvre sombre et prenante, à l’image de ses romans.
Et pour une première réalisation, même si le réalisateur manque de maturité dans sa mise en scène, il parvient à donner à son film une texture proche des thrillers les plus poisseux du cinéma américain comme « A tombeau Ouvert » de Martin Scorsese (1999) ou encore du cinéma nordique comme « Millenium » de Niels Arden Oplev (2009). Baignant dans une lumière très portée sur le bleu sombre, presque à la lumière des réverbères ou des néons de sa plonge, la mise en scène du réalisateur se veut physique et suspendue en même temps, comme lorsque le héros s’occupe de la jeune femme victime d’une agression. Sa réponse à son agresseur est un exemple de mise en scène brutale et sans concession.
Si tout n’est pas parfait, notamment dans la direction d’acteurs, où le réalisateur semble privilégier les détails de sa mise en scène et laisser son acteur évoluer seul dans son environnement. Ce qui donne parfois des scènes qui manquent un peu de corps comme lorsque Danny voit surgir dans sa cuisine, deux malfrats mal intentionnés. Côté scénario, le romancier prend le pas du cinéaste et même si l’ensemble tient sur une feuille et se déroule très rapidement, il ne manque pas d’intérêt. On lui reprochera principalement de ne pas dessiner avec beaucoup de précision la psychologie des personnages et de se concentrer sur l’action présente sans chercher à ouvrir des portes qui pourrait mieux expliquer les choix des uns ou des autres. La relation entre la mère et la fille est d’ailleurs assez mal dessinée, mais qu’importe, l’ensemble est efficace et suffit à capter l’attention du spectateur pour aller jusqu’au bout de cette histoire où les choix sont déterminants pour le héros.
En conclusion, le romancier Jérémie Guez se lance dans la réalisation avec « Bluebird ». Et même si le film est très loin d’être parfait, le résultat n’est pas inintéressant et parvient à garder en haleine les spectateurs. Et ce n’est déjà pas si mal !