Yuki vit au ciel avec ses grands-parents, qui veillent sur la Terre. L'année de ses 13 ans, elle est envoyée chez les humains pour faire revenir la paix. Elle aura un an pour mener à bien sa mission, au risque d'être transformée en un sombre vent hurlant. Confrontée au mauvais sort des habitants d'un village du Japon féodal, elle découvre que la cause de tous leurs maux est bien plus mystérieuse que ce que l'on croit.
Dans les années 80, l’animation Japonaise, et notamment grâce à Dorothée en France, fit les grandes heures de la télévision, en produisant à tout va et dans tous les styles et toutes les cultures. Que ce soient du Manga comme avec « Goldorak » ou « Albator » ou dans l’adaptation de chef d’œuvres de la littérature Occidentale : « Tom Sawyer », « Heidi » ou même « Les Misérables ». Des millions d’enfant par le monde se passionnèrent pour ces héros qui criaient fort à en avoir le visage déformé et pleuraient souvent pour de fugaces instants de bonheur. Souvent naïf, mais ne se contentant jamais d’une seule lecture, l’animation japonaise était portée par deux studios emblématiques : Toei Animation, la plus célèbre et la plus prolifique mais également Mushi Production à qui l’on doit notamment la première série animée « Astro Boys » produite en 1963. Après une faillite, le studio fut remonté en 1977 et recentra son activité sur les longs métrages.
« Yuki, le secret de la montagne magique » est son deuxième. Et déjà, on y trouve les valeurs que veut prôner le studio : Le Respect d’autrui, l’environnement et la sauvegarde de la paix. On peut, naturellement, y retrouver également l’honneur et le courage, deux valeurs fondamentales dans la société japonaise. Le studio, ici, impose un style narratif que l’on retrouvera dans la plupart des productions nippones de l’époque à la télévision, une société sauvée par ses villageois, mais surtout par le courage de ses enfants qui comprennent intuitivement le besoin de justice et de respect qui est dû à ceux qui s travaillent dur et sont victimes de l’avidité et de la cruauté des puissants.
Réalisateur de films live, Tadashi Imai n’est pas un inconnu des cinéphiles occidentaux, puisqu’il fut récompensé d’un Ours d’Or à Berlin en 1963 avec « Contes Cruels du Bushido », où un homme se remémore, après le suicide de sa fiancée, les atrocités endurées par ses ancêtres depuis le XVIIème siècle au nom du Bushido. « Yuki : Le Secret de la montagne Magique » est son premier et son unique film d’animation. Et comme à son habitude, le réalisateur va puiser dans cette adaptation du livre pour enfant de Ryûsuke Saitô, tout ce qui forgeât son œuvre : Une lecture du passé pour mieux envisager le présent et l’avenir. Les thèmes évoqués plus haut sont ici développés avec un véritable sens de la narration et une dynamique dont les Studios Ghibli seront les dignes héritiers.
Les humains apparaissent ici dans toutes leurs nuances et les plus faibles sont souvent les plus courageux, les plus représentatifs des valeurs prônées par le réalisateur et par le studio, car ils vont trouver dans leur désœuvrement et dans leurs persécutions, la force et le courage de s’opposer à leurs bourreaux, non pas pour les anéantir, mais pour faire respecter un équilibre. Jamais dans la lourdeur, « Yuki : Le Secret de la Montagne Magique » n’hésite pas à confronter le jeune public à la mort, à la violence pour mieux illustrer la grandeur de la révolte des villageois et des enfants. De la même manière, il va confronter les spectateurs aux vieilles croyances qui peuvent empêcher un peuple de sortir de la persécution.
En conclusion, « Yuki : Le Secret de la Montagne Magique » est un dessin animé, précurseur, à bien des égards, qui fut longtemps introuvables, puisqu’il ne sorti d’une seule fois en VHS dans les années 80. Ce dessin animé est un bijou représentatif du savoir-faire Nippon dans l’animation et particulièrement dans la manière de véhiculer des valeurs et des thèmes. Beaucoup moins naïf que sa voisine américaine, l’animation Japonaise sait aborder de manière frontale des thèmes que le géant Disney n’abordera qu’à des très rares occasions et de manière beaucoup moins frontales jusque vers le milieu des années 90.