L'histoire :
A la mort de son père, le jeune Dennis décide de tenter sa chance en ville dans l'espoir de conquérir le coeur de sa dulcinée, Griselda, restée au village. Pendant ce temps, un horrible monstre surnommé Jabberwocky fait régner la terreur, tuant et anéantissant tout sur son passage. Face à la menace, le roi Bruno le Contestable promet la moitié de son royaume et la main de sa fille à celui qui terrassera la bête.
Critique
Jabberwocky, premier réalisation solo de Terry Gilliam, est basée sur un poème absurde, nonsensique de Lewis Carroll. A l'image du poème, le film est aussi absurde, burlesque à souhait, que ce soit à travers les dialogues ou les mises en situation. Jabberwocky peut être vu à la fois comme une satire, une aventure médiévale et un conte de fée parodique, à la Shrek, (surement le métrage de Dreamworks s'est inspiré de Jabberwocky - on trouve des caractéristiques communes au niveau du protagoniste principal et de l'histoire en elle-même). Le héros est sale, égoïste, qui ne pense qu'à trouver de l'argent pour épouser sa belle, sans aucune volonté de sauver la veuve et l'orpheline.
Tout le long du métrage, Dennis, notre anti-héros, est spectateur de ce qui se passe autour de lui, et ce sont les autres personnages qui font avancer l'histoire en l'embarquant avec eux à son corps défendant. Ce n'est qu'à la toute fin que Dennis cesse d'être simple spectateur pour prendre en main son destin, in-extremis. La place de Dennis est celui de nous, spectateurs, qui regardons cet univers absurde se dérouler sous nos yeux, sans saisir tout l'enjeu afin de pouvoir anticiper et s'impliquer de manière plus active dans l'aventure.
Ce parti pris a son avantage et inconvénient. Le coté positif c'est l'imprévisibilité, et la surprise permanente. Le côté négatif est le détachement ressenti vis-à-vis du personnage principal car il n'est ni héros ni anti-héros mais juste au même niveau que nous. Et dans toute histoire impliquante un chevalier qui doit affronter un monstre (Jabberwocky), pour épouser la princesse à la fin, nous avons besoin d'un héros. Le film comporte certaines situations burlesques qui s'avèrent assez drôles rythmant la narration, mais elles ne permettent pas de sauver beaucoup de moments creux qui parsèment le long métrage.
Pour son premier film en solo, en dehors des Monty Python, Terry Gilliam démontre déjà son imagination débordante en terme de mise en scène, à travers les angles et mouvements de caméras exagérés. Le cinéaste combine des techniques diverses et variées, comme la séquence racontée à travers des planches de dessins, pour nous conter son histoire. Ces techniques de mise en scène se retrouveront à travers ses œuvres futures.
Malgré un casting divers, celui qui porte le film sur ses épaules c'est Michael Palin, un des membres des Monty Python, qui incarne un héros malgré lui, naïf, maladroit de manière parfaitement convaincante. Il arrive à nous arracher quelques sourires et même rires rien qu'à travers ses mimiques et gestuelles.
Conclusion
Si vous aimez les films de Terry Gilliam, Jabberwocky est un film à ne pas manquer, on y retrouvait déjà à travers ce premier long métrage tout l'univers et le style si particulier du cinéaste.