Godzilla tente de rétablir la paix sur Terre, tandis que les forces de la nature se déchaînent et que l'humanité semble impuissante...
Avec « Monsters », le réalisateur nous avait fait preuve d’un incroyable sens de l’esthétique, et d’un talent multicarte particulièrement bien aiguisé. C’est certainement la raison pour laquelle les dirigeants de Warner lui ont donné carte blanche pour redonner vie au monstre asiatique le plus célèbre de la planète « Godzilla ». Et le choix fut particulièrement judicieux, car le réalisateur, loin de l’esprit pompeux et grotesque d’un Roland Emmerich (Godzilla, 1998), s’est intéressé aux origines de ce monstre, à sa signification première et éventuellement à la métaphore qui pourrait éventuellement s’en détacher, actuellement dans une société qui ne semble toujours pas prête à faire les efforts nécessaires pour préserver son environnement.
Le réalisateur avait déjà abordé ce thème dans « Monsters » en mettant les hommes dans une position inverse que celle des sauveurs de l’humanité, mais plutôt, dans le rôle des créatures incapable de maitriser les éléments qui se déchainent et qui doivent s’en remettre à la nature et à ses créatures pour sauver l’espèce. En revenant sur les origines du monde, Gareth Edwards a compris, que Godzilla, n’était pas seulement un monstre destructeur, il était avant tout une matérialisation de l’enfer d’Hiroshima et de Nagazaki, qu’il pouvait être éventuellement le bras armé de la nature pour rappeler les hommes à l’humilité et les ramener à la retenue dans leurs conflits.
Alors évidemment, les « pisse-froid » en tout genre pourront estimer que le monstre n’est pas suffisamment présent à l’écran, que les gens parlent beaucoup, que le synopsis est ridicule, mais lorsque l’on s’intéresse de plus prêt à la naissance du monstre, à ce que les réalisateurs et studios voyaient en Godzilla, on se rend très rapidement compte que le réalisateur redonne enfin toutes ses lettres de noblesse à la créature. D’autant qu’il serait injuste de ne pas souligner la mise en scène rigoureusement inventive de Gareth Edwards, comme le fameux saut H.A.L.O., à la fois lyrique et dantesque, ou encore le combat entre Godzilla et l’une des deux créatures. Edwards parvient garder une énergie et une pression sur le spectateur, susciter l’envie, l’excitation aussi et parfois le désarroi, notamment lorsque le premier monstre apparait. Une manière pour lui de briser les aprioris pour mieux reformater le spectateur dans sa création. De la même manière que dans son précédent film, Gareth Edwards, rend hommage à Spielberg et s’inspire des « Dents de la mer » ou de « Jurassic Park » en ne montrant pas trop le monstre pour mieux laisser la suggestion faire son œuvre.
Côté effets spéciaux, cette fois-ci le réalisateur a laissé la place à toute une équipe de graphistes et de techniciens pour imaginer un monstre qui serait un subtil mélange entre dragon de Komodo et Ours brun. Le résultat est saisissant, à la fois attirante et terriblement repoussante, la créature se dévoile doucement comme le ferait un ours, et l’effet est remarquablement bluffant. Même constat, concernant le cri de la créature conçu par Akira Ifukube (La légende de Zatoïchi), qui fit glisser un gant de cuir enduit de résine sur des cordages de contrebasse, dont la distorsion donna ce son si particulier.
En conclusion, Gareth Edwards réussit un coup de maître en redonnant vie à « Godzilla ». le réalisateur à l’intelligence de s’inspirer des origines du monstre, de le remettre à sa place initiale et surtout de ne pas considérer l’espèce humaine comme la gardienne du temple. Avec une mise en scène inventive et rigoureuse, Edwards nous entraîne dans un film parfaitement maitrisé porté par un scénario intelligemment écrit, ce qui est rare dans ce type de programme.