Franky vient de voler un énorme diamant qu'il doit livrer à Avi, un mafieux new-yorkais. En chemin, il fait escale à Londres où il se laisse convaincre par Boris de parier sur un combat de boxe clandestin. Il ignore, bien sûr, qu'il s'agit d'un coup monté avec Vinny et Sol, afin de le délester de son magnifique caillou. Turkish et Tommy, eux, ont un problème avec leur boxeur, un gitan complètement fêlé qui refuse de se coucher au quatrième round comme prévu. C'est au tour d'Avi de débarquer, bien décidé à récupérer son bien, avec l'aide de Tony, une légende de la gâchette.
Le film qui a fait entrer Guy Ritchie dans la cour des grands réalisateurs ! Ritchie, qui s'était déjà fait remarquer en 1998 avec « Arnaques Crimes et Botaniques » dans lequel il était déjà question d'arnaqueurs à la petite semaine, revient´ cette fois ci avec une histoire similaire mais plus construite, plus soignée et surtout avec une véritable envie d'en découdre et de montrer toutes les facettes de son talent. Car « Snatch », c'est, avant tout, un film qui synthétise tout l'art du réalisateur. Comme Tarantino avec son « Pulp Fiction », 4 ans plus tôt, Guy Ritchie impose ici, un style, une écriture, mais surtout il se crée, durablement, une signature dans l'esprit des spectateurs. Son écriture parlera de personnages en manque de reconnaissance, mais à l'aise dans les mauvais coups, de retournements de situations, de valeurs et surtout gardera un goût indéfectible pour l'humour anglais et ce flegme si inséparable. Cette écriture nous la retrouverons dans toute son œuvre, hormis celle les films de commandes (et encore !).
Et c'est donc avec « Snatch » que la machine Guy Ritchie a pris son envol. Car le réalisateur signe, ici, une œuvre marquante par un humour noir à l'anglaise, dans laquelle il aime faire dans la transgression et surtout mélanger les genres pour nous prendre à revers. Ici, tous les personnages sont des caricatures du genre. Pas un ne vient relever le niveau de l'autre et pourtant chacun va apporter une raison à l'autre d'évoluer. Violent mais drôle, surtout, Ritchie, c'est Scorsese qui ne se prend pas au sérieux. Car le réalisateur, qui signe également le scénario, aime transgresser et s’amuser de ses personnages. Pour mieux marquer le spectateur, il va l'entraîner dans une intrigue où rien, ou quasiment rien, ne va se passer comme il faudrait que cela se passe. A travers une galerie de personnages à la fois pieds nickelés et magouilleurs avertis, Guy Ritchie va nous entraîner dans un monde régi par des codes et des honneurs, dans lequel le plus malin n'est pas forcément celui que l’on pense.
Mais Guy Ritchie, ce n'est pas seulement une écriture, c'est aussi une mise en scène, une inventivité et une recherche permanente de l'esthétisme au service de l'histoire. Il suffit de voir les scènes de match de boxe pour s'en persuader. Le réalisateur amateur de ce sport, filme au plus près et lui donne un volume et une puissance comme rarement un metteur en scène avait su le faire, y compris dans la saga « Rocky ». Guy Ritchie illustre la violence de cette variante avec une aisance saisissante et nous plonge dans le chaos au même titre que les boxeurs eux-mêmes. Toute la mise en scène de « Snatch » est de ce niveau avec un jeu sur la vitesse, qui donne une dynamique spectaculaire, la caméra qui colle les visages pour mieux capter les expressions et le jeu des acteurs.
C'est d'ailleurs sur eux que se conclura cette chronique, car si Jason Statham (Le Transporteur) brille dans un rôle d'arnaqueur jouant de malchance c'est évidemment Brad Pitt (7 ans au Tibet) qui remporte tous les suffrages avec sa composition de Gitan, complètement déjanté et ingérable qui se révèle beaucoup plus subtile qu’il n'y paraît. Comme un film de bande, Guy Ritchie crée avec « Snatch » une osmose évidente entre ses comédiens qu’ils soient anglais ou pas, et permet au film de se vêtir d'une atmosphère particulièrement réjouissante.