Un 747 s'écrase dans un champ. Seul le pilote en réchappe. L'accident semble inexplicable et le pilote, incapable de se souvenir se lance dans une enquête aidée par une jeune femme medium.
Nous sommes en 1980, le cinéma Australien est une notion qui commence à passer les frontières, notamment avec le succès d’œuvres telles que « Mad Max » de George Miller en 1979, qui est venu rappeler au monde que l’Australie n’était pas seulement le pays des Surfeurs et des Kangourou, mais que des réalisateurs de talents savaient y éclore. Et grâce aux succès de l’œuvre futuriste de Miller, mais également de réalisateurs comme Peter Weir avec « Pique-Nique à Hanging Rock » (1975) ou encore « La Dernière Vague » en 1977, les producteurs Australiens se sentent pousser des ailes et se décident à proposer une offre alternative à celle d’Hollywood avec des styles différents et des visions divergentes.
Ce fut le cas de cette adaptation d’un roman gore de James Herbert : « The Survivor » paru en 1976. Alors que le monde ne connaît pas encore bien Stephen King, Herbert va marquer par une description particulièrement sanguinolente de certains passages de son intrigue. Et alors qu’il sortait tout juste du succès de ses derniers films « Snapshot » de Simon Wincer (1979) et « Patrick » de Richard Franklin (1978), le producteur Antony I. Ginnane en pleine finalisation d’une autre production à succès : Harlequin » de Simon Wincer, se lance comme objectif de porter à l’écran le roman d’Herbert et le confie à un jeune réalisateur David Hemmings, que l’on retrouvera plus tard chez Scorsese par exemple dans « Gangs of New York » (2002).
Le résultat est un film intéressant qui ne manque pas d’intérêt d’autant qu’il utilise beaucoup la suggestion, à l’instar de cette scène où la photographe développe des photos et se retrouve agressée par des entités. La mise en scène d’Hemmings, en accord avec le producteur fait l’impasse sur les passages Gore du film et les suggère plus que ne les montre, un peu comme avaient pu le faire d’autres maitres du genre à cette époque. Le réalisateur est parvenu à donner une substance particulière et surtout une dimension nuancée entre le film policier et le film de fantômes. Soutenu dans on entreprise par la musique de Brian May qui avait déjà œuvré sur « Mad Max » de George Miller et qui n’est pas à confondre avec le guitariste légendaire du groupe Queen, « Le Survivant d’un Monde Parallèle » n’a rien à envier aux grandes productions américaines du genre telles que « Amytiville » de Stuart Rosenberg (1979).
La distribution n’est d’ailleurs pas en reste et ne ménage pas ses efforts pour nous embarquer dans cette aventure captivante. A commencer par Robert Powell que l’on a pu voir dans « Tommy and The Who » de Ken Russell en 1975 ou encore « Batman Forever » de Joel Schumacher en 1995, qui porte radicalement le film sur ses épaules et signe une prestation remarquable, qui, sans être non plus stupéfiante vaut quand même d’être soulignée. Face à lui l’actrice Jenny Agutter (L’Empire des Elfes) s’impose et ne se laisse pas impressionner par le rôle. L’actrice toute en force et en douceur parvient à livrer une prestation qui ne la cantonne pas au rang de séduisante complémentarité du héros.
Cumulant les mauvais choix et les mauvaises décisions, à commencer par son titre français qui en dit déjà trop, « Le Survivant d’un Monde Parallèle » est un film de fantômes et en même temps d’enquête sur une catastrophe aérienne, qui a du mal à choisir son camp mais parvient à tirer son épingle du jeu par un scénario solide et une mise en scène qui privilégie la suggestion au gore. Du fait du manque de choix positifs, le film fut un échec et ne devint culte, comme bien souvent grâce aux vidéos clubs qui lui rendirent ses lettres de noblesses.