Au début du XIXe siècle, Sir William Walker débarque à Queimada, une île des Antilles. Officiellement, il est là pour son plaisir. En réalité, il a été envoyé par le gouvernement britannique pour une mission secrète : fomenter une révolte des esclaves qui avantagera les Anglais...
Le réalisateur Gillo Pontecorvo, fut réputé comme étant un artiste engagé qui n’avait pas bonne presse en France, notamment à cause du film, grâce auquel il reçu un Lion d’or au Festival de Venise et une nomination aux Oscars : « La Bataille d’Alger » en 1966 et qui dénonçait la position Française. Fervent anticolonialiste, il signa, 3 années plus tard, « Queimada » un film brulot dans lequel il démontre les bases d’un colonialisme qui s’apparente à une forme de prédation visant à asservir les peuples par la force, jusqu’à vouloir les déshumaniser.
Librement inspiré de l’histoire de William Walker, un aventurier américain parti chercher l’aventure en Amérique Latine. Il envahit le Nicaragua en 1856, s’autoproclamant, au passage, Président, mais qui, après de multiples aventures, fut arrêté puis exécuté en 1860. En se basant sur le scénario écrit par Giorgio Alorio (100 jours à Palerme) et Franco Solinas (Mr Klein), le réalisateur va distiller, tout un discours humaniste dénonçant tour à tour le colonialisme et le capitalisme, deux maux intimement liés. Avec une véritable méticulosité et un sens du dialogue évident, Pontecorvo nous plonge au cœur d’un conflit où les hommes s’entretuent pour garder une domination. Certains légitimes d’autres non. Le sang y coule et les monologues fleurissent sur les terres brulées de Queimada. Il apparait évident que le scénario use d’un parti pris lié aux idéaux du réalisateur, mais cela participe à lever le voile sur cette histoire que l’on aimerait bien oublier.
Pourtant le film peine à convaincre. Non pas à cause de son discours qui souffle la sincérité, mais plutôt par une mise en scène un peu trop décousue, des coupes à la serpette et un montage qui laisse parfois à désirer. De la même manière que des mouvements de caméra qui semblent avoir échapper au cadreur, le montage laisse passer de grossière fautes de coupe qui surprennent. Et particulièrement sur les scènes de combats, la caméra manque de stabilité, mais à la différence d’un Spielberg dans « Il faut Sauver le Soldat Ryan », cela ne sert jamais la narration, cela vient, au contraire, la rendre plus chaotique pour ne pas dire illisible.
Composée en grande majorité d’acteurs amateurs, la distribution s’avère, pour autant, remarquablement juste. A commencer par Evaristo Marquez qui ne se laisse pas impressionner par son illustre collègue de jeu. Imposant et d’un charisme redoutable capte toute l’attention et ne se laisse jamais aller à la facilité. Mais évidemment le film se repose sur la présence au générique de Marlon Brandon. La star du « Parrain », qui signe ici l’une de ses meilleures prestation tout en force et en détachement pour mieux faire ressortir les faiblesses et les qualités de son personnage. Impeccable et impressionnant, Brando savait transcender ses rôles et cela se confirme encore aujourd’hui. L’acteur est puissant et juste et sait toujours trouver le bon angle d’attaque pour porter ses personnages au plus haut niveau de précision.