Dans les quartiers Nord de Marseille, une tuerie orchestrée par le clan Bastiani a lieu. Deux rivaux sont en charge de l’enquête, Vronski, un flic de la brigade antigang et Costa, un chef de groupe de la BRB aux pratiques douteuses. La situation dégénère lorsqu’un témoin-clé est assassiné durant sa garde à vue. En pleine guerre des gangs, Vronski et ses hommes, pour sauver leur peau, seront obligés de faire des choix lourds de conséquences…
Fin 2020 deux films policiers français devaient sortir l’un au cinéma : « Bac Nord », l’autre sur Netflix : « Bronx ». Le premier dû attendre la fin, de l’épidémie pour voir sa carrière s’envoler, l’autre fit les grandes heures de la plateforme en focalisant l’évènement sur le premier film d’Oliver Marchal pour ce type de média. Pourtant les deux films ont un point commun : Marseille. Deux intrigues, deux visions et un même constat, un peu alarmant tout de même : La cité Phocéenne semble gangrénée par la violence et le banditisme sous toutes ses formes. Pourtant chez Marchal, il y a l’expérience de l’ancien flic qui parle, et particulièrement cette peinture plus froide d’un banditisme qui infiltre insidieusement toutes les couches du pouvoir et cette violence qui répond à un code d’honneur un peu obscur.
Avec une mise en scène toujours au plus près des personnages et de leurs entourages, le réalisateur parvient une fois de plus à nous faire entrer dans son univers où les hommes ont le regard taciturne, où les femmes subissent le choix des maris mais peuvent également se révéler comme les maitresses du jeu. Dynamique mais pas trop, « Bronx » est l’antithèse de « Bac Nord » avec une mise en scène moins énervée, moins musclée. Une mise en scène où les regards portent bien plus que les mots. Cette police-là, c’est celle qui flirte constamment avec la ligne rouge pour tenter de faire obstacle aux mafieux mais qui peut très rapidement se bruler les ailes. C’est une police où les ripoux sont présents, et les intègres fragiles.
Sur un scénario dont il a écrit chaque ligne en puisant dans sa propre expérience, Olivier Marchal signe une histoire solide, même si celle-ci manque parfois de profondeur dans la peinture des personnages, parfois trop nombreux pour être réellement développés. A l’instar du personnage de Franck Nadal, méchant clé de l’intrigue, qui ne parvient jamais à totalement sortir du lot de toutes ces personnalités illustrant le grand banditisme. Comme à son habitude, l’intrigue révèle ses ficelles avec parcimonie et ne se dévoile totalement qu’à la fin pour que le film finisse sur une conclusion surprenante.
Côté distribution, les acteurs ne sont pas toujours au topo de leur art à commencer par Jean Réno (Le Grand Bleu) qui reste monolithique et n’arrive pas à sortir du carcan, du politicien. Même constat avec Francis Renaud (36 Quai des Orfevres) pourtant un grand habitué du réalisateur, qui se perd un peu trop dans les grimaces. En revanche, Lannick Gautry (Avis de tempête) incarne avec subtilité et brio ce personnage de flic intègre déterminé à faire tomber les malfrats, même s’il doit pour cela flirter avec la loi. On ne parlera pas de la prestation du rappeur Kaaris, tant elle est inexistante.