L'échine du diable

Catégorie
Cinéma
Titre Original
El espinazo del diablo
Genre
Pays
Mex
Date de sortie
24/11/2021
Réalisateur
Format
Blu-Ray
Boitier
Coffret
Producteurs
Pedro Almodovar et Guillermo Del Toro
Scénaristes
Guillermo Del Toro, Antonio Trashorras et David Munoz
Compositeur
Javier Navarrete
Editeur
Edition
Collector
DureeFilm
107
Support
Critique de Emmanuel Galais

Alors que la guerre civile déchire l’Espagne, le jeune Carlos trouve refuge à Santa Lucia, un orphelinat perdu dans la campagne dirigé par Mme Carmen. À la nuit tombée, le garçon est mis au défi par ses camarades : il doit traverser la cour de l’établissement pour se rendre à la cuisine, l’obligeant à passer devant la maison du gardien, l’antipathique Jacinto. Une fois sur place, Carlos entend d’étranges soupirs et découvre dans le sous-sol de la bâtisse le fantôme d’un enfant mutilé...


Film fondateur de la mythologie Guillermo Del Toro, « L’Echine du Diable » est une œuvre gothique qui vient brouiller les cartes des films de fantômes, au début des années 2000. Pour son quatrième film, après les très remarqués : « Mimic » en 1997 et « Cronos » en 1993 ou encore « Dona Lupe » en 1985, le réalisateur va puiser dans les œuvres de M.R. James, Arthur Machen ou encore Sheridan Le Fanu pour signer avec Antonio Trashorras (Blind Alley) et David Munoz (Coup pour Coup) un scénario où la mélancolie, peut-être une certaine nostalgie et un goût évident pour le gothique vont se mêler dans une subtile alchimie.


Jamais dans l’outrance gratuite, Guillermo Del Toro signe un film cruel sur l’enfance, sans pour autant chercher à renforcer les traits. Les adultes ne sont pas tous cruels et l’orphelinat n’est pas tenu par des êtres dénués de sensibilités envers les enfants dont ils ont la charge. Bien au contraire, si les enfants sont durs entre eux, ils ne sont finalement jamais cruels, s’ils doivent se montrer courageux c’est pour mieux appréhender ce qui se pressent tout au long du film. Avec un sens aigu de la narration, Del Toro, va tisser une toile sans jamais étouffer ses personnages ou les spectateurs. Différents niveaux de lectures vont permettre à ces derniers d’appréhender le film suivant sa propre sensibilité. Et autant le dire, il serait réducteur de résumer le film à un simple conte gothique cruel et fantastique, car « L’échine du diable » c’est également une œuvre poétique dans laquelle le réalisateur parle de cette période tourmentée de la guerre civile en Espagne. De ces enfants abandonnés dans des établissements, dans lesquels ils attendaient innocemment le retour de leurs parents.


C’est également une œuvre politique qui vient dénoncer l’obscurantisme de certaines pensées lorsqu’elles sont perverties par la cupidité. Tout cela est résumé dans le personnage de Jacinto, un gardien rongé par la haine et l’envie et qui va petit à petit se découvrir bien plus sombre qu’il n’y paraissait déjà. Un personnage qui semble porté par la révolution et dont le passé se dessine à mesure que se dévoile l’intrigue, mais dont le dessein n’est pas aussi limpide que cela et beaucoup moins idéologique qu’il n’y parait.


Pourtant le réalisateur n’en n’oublie pas pourtant une esthétique visuelle, qui sera sa signature, avec une poésie rare et une nostalgie que l’on sent inspirée de l’enfance. Si le réalisateur n’a, bien sûr, pas vécu dans un orphelinat en l’Espagne durant la guerre civile, ce sont les souvenirs d’une enfance qui reviennent et qui respire dans chacun des plans que ce soit dans les rapports avec les adultes ou entre eux. Le réalisateur parvient à donner un sens à son propos et en profite au passage pour réinventer le film de fantômes en instillant une forte part d’humanisme dans sa mise en scène et dans son scénario.


C’est évidemment aussi du côté de la distribution que le film réussit l’une de ses plus belles performances à commencer par les enfants : Fernando Tielve (Perdre la tête) et Inigo Garces (Le Labyrinthe de Pan). Le duo offre une prestation remarquable de maturité pour leur jeune âge. Précis dans leurs émotions comme dans leurs déplacements, les enfants touchent au but dés les premières minutes. Face à eux Marisa Parades (La Piel Que habito), Eduardo Noriega (La Belle et la Bête) et Federico Luppi (Le Labyrinthe de Pan) forment un trio entre colère, détermination et tendresse qui vient parfaitement contre balancer avec les intrigues qui gravitent autour d’eux.


Si vous n’avez pas vu « L’Echine du Diable » c’est le moment de vous rattraper. Ce film est une pièce maitresse du mythe Guillermo Del Toro et certainement l’un de ses chefs d’œuvres, si ce n’est SON Chef d’œuvres. Un film où se mêlent la nostalgie, le fantastique et la poésie d’une artiste qui parvient en quelques mots et en quelques plans à réinventer les films de fantômes. 


Définition
Couleurs
Compression
Format Vidéo
16/9 anamorphique couleur
Format Cinéma
2.35:1
Cette nouvelle restauration en 2K fait des merveilles. Le contrat est remplie et bien remplie, avec des couleurs brillantes et des contrastes qui donnent une bonne profondeur à l’ensemble. Avec parfois quelques bonnes surprises, notamment les extérieurs avec des niveaux de couleurs intéressants et une lumière parfaitement mise en valeur, y compris en intérieur comme lorsque le fantôme de Santi apparait. La restauration permet de mettre en valeur les choix visuels de Guillermo Del Toro, comme la poussière divine qui entour le petit fantôme. 
Sous Titres
Notes
Langues
Film
Bonus
Com
Spatial
Dyn
Surr
Espagnol
Non
Non
Non
Bonne
Bonne
Bonne
Français
Oui
Oui
Oui
Bonne
Bonne
Bonne
Une piste DTS-HD Master Audio 5.1, qui tient ses promesses, les ambiances sont reconstruites avec suffisamment de brillance. Ce mixage offre de bons moments avec une spatialisation qui donne du volume et du relief au film et apportent une immersion agréable. A noter et une belle dynamique.
Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée Bonus : 120 min
Livret
Bande annonce
Biographies
Making of
Documentaire
Interviews
Com. audio
Scènes sup
Fin alternative
Galerie de photos
Story board
Multi-angle
Liens internet
Interface Rom
Jeux intéractifs
Filmographies
Clips vidéo
Bêtisier
Bonus Cachés
Court Metrage

Au rayon bonus, comme à son habitude, l’éditeur a soigné les vidéastes avec :


Un livre de 200 pages et contenant plus de 70 photos et archives rares sur les effets spéciaux, écrit par Guy Astic et Charlotte Largeron. Même si l’ouvrage est beau le style est tellement académique et parfois pompeux qu’il en devient un peu vite assommant. Mais si l’on fait l’effort cela permet tout de même d’apporter un guide sur l’approche avec laquelle regarder le film.


« Marisa Parades et les fantômes du Franquisme ». L’actrice revient sur son personnage et sur sa collaboration avec Guillermo Del Toro. C’est toujours passionnant d’autant que l’actrice revient également sur une période trouble de l’histoire de l’Espagne : Le Franquisme.


« Eduardo Noriega, le mal à l’état « Brute » ». De la même manière que pour Marisa Parades, l’acteur reviens sur son personnage et sur sa collaboration avec Guillermo Del Toro, mais également avec les autres acteurs et particulièrement les enfants qui durent subir ce comédien qui devait lutter contre son personnage.


« Démons et Merveilles de Guillermo Del Toro ». Après les comédiens, place au réalisateur qui revient sur sa passion pour les monstres et la manière dont il les imagine et particulièrement dans cette manière qu’il a de mettre systématiquement l’humain en avant dans son œuvre même horrifique.


« Les Arcanes du films » est un documentaire tourné pendant le tournage, dans lequel l’équipe revient sur le travail du film.


« Making Of », assez conventionnel, il n’en demeure pas moins intéressant.


Puis les commentaires audios du réalisateur et une comparaison Film/Storyboard.