1981. Hubert Bonisseur de La Bath, alias OSS 117, est de retour. Pour cette nouvelle mission, plus délicate, plus périlleuse et plus torride que jamais, il est contraint de faire équipe avec un jeune collègue, le prometteur OSS 1001.
Michel Hazanavicius n’ayant pas aimé le scénario et étant occupé à travailler sur son film avec Omar Sy : « Le Prince Oublié », a renoncé à se lancer dans cette nouvelle aventure de l’espion français : Hubert Bonnisseur de la Bath dit « Oss 117 », c’est donc à Nicolas Bedos qu’est revenu le rôle difficile de rendre, à nouveau, crédibles et drôles, les aventures d’OSS et surtout de réussir la gageure d’être à la hauteur du style de son illustre prédécesseur. Une entreprise difficile, même si le réalisateur sait parfaitement manier la langue de, Molière et en insuffler toutes les nuances nécessaires pour la rendre transgressive ou touchante, comme il avait pu le faire dans ses réalisations précédentes comme « La Belle époque » en 2019.
Sans attendre plus longtemps entrons dans le vif du sujet et notamment dans ce troisième opus des aventures d’« Oss 117 » et cette nouvelle formule. Et le premier constat est que le réalisateur s’est moins impliqué dans le scénario que son prédécesseur qui en avait signé l’intégralité en collaboration avec son scénariste Jean Francois Halin qui s‘est, ici, retrouvé seul à la manœuvre. Et le résultat est sans appel, si ce nouvel opus conserve un ton décalé il pêche par un manque de prise de risque évident. Si, comme le dit justement Jean Dujardin : « L’humour y est plus subtil mais tout aussi transgressif que dans les premiers », le style Hazanavicius collait parfaitement au personnage de De la Bath, car il y avait cette totalise prise de risque sur un amour débridé qui se repose sur la capacité du public à sentir la blague ou les propos d’un personnage raciste, misogyne et toute ces choses qui le rendaient si intéressant. Ici tout est annoncé trop tôt (C’est limite si un encart n’apparaît pas en bas d’écran pour dire : Attention vanne en approche !) ou excusé de manière systématique.
Si l’on prend l’exemple d’ « Oss 117 Le Caire Nid d’espions » lorsque Oss va se disputer avec le Muezzin au moment de l’appel à la prière, personne ne s’en offusque, d’abord parce que la scène est drôle, mais qu’en plus, hormis les bas de plafonds des réseaux sociaux, au QI de bulots, tout le monde capte la drôlerie de la scène. Ici, comme une peur de ces « Haters », le film se bride et n’arrive pas à s’émanciper de ses peurs. Du coup, même si la mise en scène parvient à donner une atmosphère au film qui soit cohérente avec son époque, ce nouvel opus ne trouve pas la tonalité attendue. Et c’est bien dommage, car le film en lui-même montre un véritable talent de mise en scène de la part de son réalisateur.
Car pour être cohérent avec l’évolution du personnage, le film change de décennie et se transporte au début des années 80, quelques mois avant l’élection de Mitterrand. Ce qui permet à OSS de faire une analyse politique à la mesure de son personnage. Une partie assez réussie, il faut bien le dire. Nicolas Bedos soigne ses plans, plonge le spectateur dans une époque patchwork où tout semblait vouloir se construire et se réinventer, pour un donner un coup de pied aux anciennes traditions et se tourner vers des nouveaux styles. Dynamique et précise, la réalisation de Bedos s’amuse à faire des clins d’œil réguliers à ces transformations sociétale, à ses scandales et surtout à une page prête à se tourner pour donner l’avantage à un Mitterrand, plus ou moins attendu. Le choix des années 80, est d’autant plus symbolique qu’il vient en contre point du personnage d’OSS, puisque c’est également la décennie qui verra naitre : SOS Racisme et les Restos du cœur.
Comme d’habitude Jean Dujardin fait des étincelles et l’association avec Pierre Niney (Boite Noire) fait des merveilles en opposant deux générations d’espions. Dommage tout de même que ce troisième volume manque cruellement de transgressions frontales pour toucher son but, car il y a tellement de choses positives, que cela aurait fait, très certainement, le meilleur opus de la licence.