1937, États-Unis, deux brillants étudiants que tout oppose. D’origine modeste, Katie est une travailleuse acharnée, ardente pacifiste et militante communiste qui lutte sans cesse pour ses convictions. Issu d’une famille aisée, athlète accompli, Hubbell n’a pas de réelle conscience politique, charmeur et désinvolte, il excelle sans effort dans tous les domaines. Pour elle, tout est si sérieux. Pour lui, tout est si facile. Une admiration réciproque va grandir jusqu’à se muer en une irrésistible attirance. Mais tout ceci n’est que le début de leur histoire...
« Nos plus belles années » peut apparaitre comme un film un peu léger sur la relation être deux personnes que tout oppose et qui vont inévitablement se rapprocher. Il y a d’abord Katie, jouée par Barbra Streisand (Yentl), une jeune femme idéaliste qui voue sa vie aux combats qu’elle mène sans cesse, travailleuse acharnée et convaincu qu’un dur labeur est plus salvateur que l’oisiveté. Et puis en face Hubbell, riche, jeune et désinvolte qui va suivre le chemin bien rangé du patriotisme et de la légèreté. Deux opposés qui vont s’intriguer puis se charmer et s’aimer. Une histoire que l’on pourrait croire classique ! Seulement nous sommes chez Sydney Pollack, et ce dernier n’est pas sans garder une intrigue telle quelle et ne pas y mettre un discours un peu plus profond sur la moralité et l’esprit des Etats-Unis à cette époque précise du début des années 50, marqué par le Maccarthysme. Cette chasse aux sorcières qui visait à cibler tout personne accusée de Communisme et à l’emprisonner ou à l’empêcher de travailler, comme cela fut le cas pour le scénariste Dalton Trumbo (Johnny Got His Gun) qui signe également le scénario de « Nos Plus Belles années ».
Et comme à son habitude le scénariste Dalton Trumbo et son co-scénariste Arthur Laurents (Bonjour Tristesse) tissent une histoire qui va bien au-delà de la simple évocation de cette période sombre de l’histoire américaine qui s’étala sur 4 années, durant lesquelles Trumbo lui-même ne put travailler sous son propre nom (Il reçut un oscar en 1954 pour le film « Les Clameurs se sont tues de Irving Rapper en le signant sous le pseudonyme de Robert Rich), les deux auteurs livrent une œuvre au regard acide, parfois sévère, mais également tendre envers ce pays qui les a fait souffrir mais qu’ils aiment tant. Et c’est à travers ces deux personnages que les deux faces de l’Amérique se révèlent, car à travers les combats, le travail acharné et parfois le manque de recule de Katie, il est possible de voir poindre une certaine critique du rigorisme américain qui faisait rage dans les années 50. Et à travers la désinvolture ou une certaine légèreté tout en s’accommandant d’un engagement pour la nation de Hubbell, les scénaristes et le réalisateur offre un vision toute en nuance et en subtilité de ce que peut être l’Amérique lorsqu’elle ne sombre pas dans ses pièges ancestraux.
Avec une mise en scène précise qui n’hésite pas les plans serrés pour mieux laisser parler le visage des acteurs, ou des espaces plus réduits pour mieux illustrer la colère, le réalisateur livre une œuvre maitrisée qui va même proposer des plans remarquables comme lorsque Hubbell vient rompre avec Katie après une dispute dans le cercle amicale, Sidney Pollack utilise les contrejours pour mieux accentuer les sentiments des uns et des autres et la froideur que peuvent amener certaines situations. La romance n’en prend que plus de relief et laisse l’environnement et les acteurs libre de laisser parler leur talent.
« Nos plus belles années » est une excellente comédie romantique faussement naïve qui se permet (Même si le studio a obligé le réalisateur a supprimer une partie des scènes parlant ouvertement du Maccarthysme !) de lever le voile sur cette période sombre où les communistes ou tout du moins ceux que l’on suspectait de l’être furent jetés en pâture à la vindicte populaire et empêchés de travailler, quand ils n’étaient pas jetés en prison.