L'histoire
Dans un futur lointain, la ressource la plus important est l'épice, qui permet à la fois les voyages spatiaux, apporte des facultés psychiques à ceux qui l'utilise, ou encore prolonge la vie. Présente sur une seule planète, Dune, elle est au centre des guerres et des convoitises. Alors que la planète désertique est gérée depuis des années par la famille des Harkonnen, l'empereur Shaddam IV décide subitement d'en confier la gestion aux Atréides dont le jeune fils, Paul, semble prédisposé à de grandes choses.
Critique subjective
Le projet d'une nouvelle adaptation de Dune suivant l'échec de la version de David Lynch est une chimère qui traine à Hollywood depuis de nombreuses années, beaucoup de réalisateurs (et sans doute encore plus de scénaristes) s'y sont cassé les dents. Il aura fallut tout l'acharnement d'un cinéaste canadien, fan de l'œuvre original, et surement bien aidé par la réussite - artistique - de la suite de Blade runner, monument absolu de la science-fiction pour mener enfin le projet à bien. Dune 2021 semble être l'un de ces trop rares projets où toutes les planètes semblent alignées. Un réalisateur talentueux et impliqué, un casting prestigieux, une volonté éminemment artistique avec la volonté manifeste de marquer le genre et une grande liberté accordée à l'équipe. Tant de conditions trop rarement réunies.
La première chose qui marque à la vision de ce Dune, c'est notre rétine. L'aspect visuel du film est un véritable travail d'orfèvre. La direction artistique, tout simplement magnifique, nous présente un univers futuriste étrange et peu vraisemblable, mais totalement crédible. La cohérence semble avoir été le maitre mot lors de la conception des décors, des costumes. Une ambiance unique magnifiée par la mise en scène de Villeneuve, parfois éthérée, parfois froide malgré le désert, avec un sens du spectaculaire diffus mais bien présent. Le film à beau avoir un rythme lent, ne pas comporter de nombreuses scènes d'action, il est épique malgré tout. L'ambiance profite également largement des compositions de Hans Zimmer, particulièrement inspiré. Pas de grands thèmes iconiques ici, la musique est une couche supplémentaires qui s'ajoute avec naturel et brio aux images.
Avec son casting impeccable mené par un Timothée Chalamet qui gagne en intensité tout au long du film, et des effets spéciaux absolument irréprochables, Dune, même s'il calque largement sa structure sur la version de Lynch, la surpasse presque en tous points. Au niveau des regrets, on pourra tout de même souligner une direction artistique de grande qualité, mais très peu variée. Les décors ont tendance à se ressembler quelle que soit la maison mise en scène. A ce titre, on ne pourra que regretter (encore) la version perdue de Jodorowski qui, si elle n'est pas assurée avoir pu être un meilleur film, avait cette ambition folle de renouveler direction artistique et musique selon que l'on aborde les Atréides, les Harkonnen, les Fremen ou l'Empereur. Ici tout se ressemble un peu, même si on a parfois droit à des fulgurances comme la salle de Vladimir Harkonnen, par ailleurs campé par un Stellan Skarsgard terrifiant.
On regrettera également une fin plutôt abrupte et un anti climax qui laisse un goût d'inachevé. Une impression qui sera gommée avec l'existence de la (des ?) suites mais qui reste en l'état un peu décevante. Mais le constat général reste extrêmement positif. Et si Dune n'est pas encore une date dans l'histoire de la science-fiction il en prend clairement le chemin.
En conclusion
Si la réussite formelle de Dune 2021 est indéniable, le film reste une œuvre inachevée. Même si nous avons maintenant la certitude que suite il y aura (même si nous ne savons rien de la forme que cela prendra) le plus dur reste à faire pour Denis Villeneuve qui devra à la fois gérer les aspects les plus ésotériques et les plus spectaculaires de l'œuvre de Franck Herbert.