Chantecler, le coq le plus rock des fifties, a oublié de chanter un matin, mais le soleil s'est quand même levé. Ridiculisé, il quitte la ferme, à la grande joie de Grand-Duc le hibou, qui va bientôt pouvoir faire régner les ténèbres éternelles. Il faut que Chantecler revienne !
Don Bluth a suivi un parcours atypique fait de succès et d’échecs. Après avoir passé 8 années au sein des studios Disney pour lequel il travailla sur des films tels que « Robin des Bois », « Rox et Rouky » ou encore « Peter et Elliott le dragon », Bluth va s’associer avec deux autres animateurs du groupe : Gary Goldman et John Pomeroy et fonde la société Don Bluth Productions. Après un premier long métrage d’animation salué par la critique et par ses pairs : « Banjo The Woodpile Cat ». Le film ne suffit pas à remplir les caisses, mais le suivant va, au contraire lui apporter son premier succès que sera « Brisby et le Secret de Nimh ». Le film ne suffit pas à remplir les caisses, et il faudra des rencontres, notamment un investisseur : Morris Sullivan et un réalisateur en pleine gloire / Steven Spielberg, pour que Don Bluth puisse décrocher son premier gros succès lucratif : « Fievel et le nouveau monde ». Suivra ensuite un second énorme succès en collaboration avec Spielberg : « Le Petit Dinosaure et la vallée des merveilles ».
Seulement le film suivant « Charlie » est un échec et mettre la société de Don Bluth en péril. Le réalisateur va alors puiser dans toutes le références sur lesquelles il a pu travailler chez Disney pour se lancer dans un projet sur lequel le studio de Burbanks avait déjà planché, l’adaptation d’une œuvre monstre d’Edmond Rostand : « Chanteclerc ». Alors que Disney jugeait l’œuvre de notre auteur français inadaptable, Don Bluth va s’y atteler et autant le dire le faire avec un certain panache. Comme toujours dans son œuvre, le réalisateur va parsemer son œuvre de références plus personnelles, des références à la bible, ou encore aux personnages mercantiles, sans scrupules qui vont apparaitre et venir plonger nos héros dans un certain désarrois.
C’était le cas dans « Fievel » et dans « Charlie » ce sera également le cas dans « Anastasia » un peu plus tard, ici, Chanteclerc est sous la domination d’un personnage qui met le profit en priorité avant l’honneur et le respect de ceux et celles qui lui rapportent de l’argent. Avec une animation assez fine qui parfois se laisse aller à des dynamismes qui rendent flou parfois l’image, cette version très libre de l’œuvre de Rostand plonge le jeune public dans une œuvre colorée, un peu pop qui n’est pas sans rappeler certains longs métrages d’animation du studio Disney. Loin de vouloir imposer un discours trop moraliste, Don Bluth livre une œuvre basée sur un scénario efficace qui semble bourré d’inspiration diverses : « Le Magicien d’Oz » pour certaines scènes autour de l’odyssée des personnages pour trouver Chanteclerc, Elvis Presley pour Chanteclerc lui-même et bien d’autres encore.
Un peu hystérique dans sa construction, « Rock-O-Rico » n’en demeure pas moins une œuvre intéressante et captivante qui va multiplier les styles et mélanger les techniques, comme celle du mix Live et animation, déjà présent dans « Peter et Elliott le dragon » sur lequel Bluth a travaillé, mais aussi et surtout dans « Qui veut la peau de Roger Rabbitt » qui fit faire un bon énorme à la technique, offrant ainsi la possibilité à Don Bluth de donner plus de sens à son adaptation. Nouvel échec au Box-Office pour Don Bluth, « Rock-O-Rico » ne supportera pas la concurrence écrasante de la « Belle et la Bête » du studio Disney, et ferra sombrer la société de Bluth. Il n’en demeure pas moins une œuvre remarquable, injustement boudée.