Antoine a connu ses premiers émois amoureux dans le salon de coiffure de la plantureuse Madame Sheaffer. Il s’est fait une promesse : lorsqu’il sera grand, il épousera une coiffeuse. Il rencontre Mathilde, la coiffeuse de ses rêves. Le coup de foudre est réciproque.
Patrice Leconte est définitivement un réalisateur atypique, jamais vraiment là où on l’attend et en même temps, tellement présent, qu’il est tout aussi difficile à cerner. Avec « Le Mari de la Coiffeuse », il se lance dans une sorte de fable en huis-clos sur l’amour, le désir et la passion. Une histoire singulière pour une narration maitrisée qui se balade en Nouvelle vague et Blier Le réalisateur signe pourtant ici, un film, finalement très personnel dans lequel nous pourrions presque sonder l’âme de l’artiste.
« Le Mari de la Coiffeuse » est une œuvre singulière dans laquelle se lance le réalisateur qui, comme à son habitude a signé le scénario. Dans cette sorte de Huis-Clos, pas totalement, car si l’action se passe principalement dans le salon de coiffure, elle bouge de temps en temps pour dynamiser la mise en scène, dans d’autres endroits, comme la rue, ou les souvenirs d’enfance du personnage principal, le réalisateur développe des thèmes qui lui sont chères : L’amour, le Désir et les relations entre ses personnages sont toujours aussi soignées pour qu’elles apparaissent toujours d’une banalité tout en étant remarquables et originales. Que ce soit le couple en pleine crise, la mère qui ne parvient pas à tenir son enfant qu’elle a adopté. Tout comme dans beaucoup de films du réalisateur, le héros, apparaît comme une sorte de « Looser » assumé, nous ne savons d’ailleurs pas qu’elle est son métier, si ce n’est d’être le mari de la coiffeuse.
Mais son obsession pour un idéal en marge de celui des autres le rend terriblement attachant, et donne à son histoire bien particulière, presque touchante, possiblement identifiante à nos existences que l’on imagine toujours différentes de ce qu’elles sont au final. Le bonheur qu’affiche le héros à être ce mari d’une coiffeuse dont il aime l’odeur, les gestes et les mots, rendent le tout très en suspend, comme lors de la demande en mariage venue de nulle part mais tellement touchante. Le réalisateur filme au plus près, s’amuse des mots de ses personnages, et semble naviguer en aisance dans un environnement plus resserré comme ce salon de coiffure qui sera la scène principale de son histoire, avec ses joies, ses doutes, ses passages et ses nuages qui disparaissent bien vite.
Le choix de Jean Rochefort (Ridicule) est une évidence, tant l’acteur joue de ses mots, de sa diction précise et presque chantante pour donner corps à cet individu qui vit et assume la vie dont il rêvait étant enfant lorsqu’il a entrevue le sein de la coiffeuse dont il est tombé éperdument amoureux. Ovin dans un ovni, Rochefort sait se faire tendre et grandiose, y compris lorsqu’il dit « Couille ». Un mot jeté subitement comme toutes les rencontre qu’il fera tout au long de sa vie dans le salon de coiffure.
« Le Mari de la coiffeuse » est une œuvre singulière, entre le huis-clos et la comédie légère, dans laquelle rayonnent un Jean Rochefort toujours au meilleur de son art et un Patrice Leconte maitrisant à la perfection sa mise en scène et son scénario entre Bertrand Blier et les réalisateurs de la Nouvelle Vague qui cherchaient inlassablement à bousculer les codes de la narration. Ici, Leconte, prouve si besoin en était qu’il sait être autre chose qu’un réalisateur de comédie.