Marco, un adolescent de 14 ans sans domicile, est arrêté à la frontière danoise alors qu’il a en sa possession le passeport d’un fonctionnaire porté disparu. Peu avant s’être volatilisé, l’homme en question, accusé d’agressions pédophiles, avait bénéficié d’un classement sans suite de son dossier… L'inspecteur Carl Mørck et son équipe du Département V sont chargés de l’affaire mais Marco, traumatisé, refuse de leur parler. Détenteur d’informations compromettantes, il s’enfuit pour échapper à la mort…
Le cinéma Danois commence à se faire plus présent dans notre panorama télévisuel ou cinématographique, notamment à travers les œuvres de Lars Von Trier (Nymphomaniac) ou encore Thomas Vinterberg (Festen), mais ces œuvres relevant d’un principe de cinéma valorisé par ses auteurs : le dogme, l’avait rendu un peu austère et pas forcément grand public. Il aura fallu attendre Niels Arden Oplev et son adaptation de la trilogie « Millenium » de Stieg Larssons, pour que le cinéma Danois se montre sous un autre jour. Un cinéma plus grand public, plus sombre, plus radical, mais surtout d’une efficacité redoutable. Avec « Les enquêtes du département V », c’est une nouvelle série de romans populaires qui sont adaptés.
Après « Miséricorde » (2013), « Profanation » (2014), « Délivrance » (2016) et « Dossier 64 » (2018), voici donc « L’Effet Papillon ». Et pour ce cinquième volume, l’inspecteur Carl Morck et son assistant Assad vont enquêter sur une disparition inquiétante, sur fond de scandale pédophile et d’immigration. Une enquête déclenchée après qu’un adolescent de 14 ans soit arrêté par la police en possession du feuillet d’un passeport appartenant à un homme disparu après avoir été accusé de pédophilie. Sur cette base-là, le scenario va dérouler une intrigue particulièrement efficace qui va tenir le spectateur en haleine du début à la fin. Car outre une trame particulièrement bien écrite, le scénariste Anders Frithiof August (un Homme Chanceux) et ses deux co-scénaristes Thomas Porsager (Little Allan) et Martin Zandvliet (Les Oubliés) vont s’appuyer sur le roman de Jussi Adler-Olsen et en profite tranquillement par distiller une certaine critique de la société Danoise et notamment d’un certain racisme latent.
Et c’est avec brio que le réalisateur Martin Zandvliet, reprend le flambeau des quatre précédents opus, en y apportant des changements radicaux, à commencer par les comédiens partis vers d’autres aventures plus internationales. Il signe une mise en scène rigoureuse, précise et donne un aspect plus sombre, plus psychologique, et peut-être moins centré sur les relations entre les deux personnages principaux, pour se centrer sur les traumas intérieurs de Carl tout en gardant une certaine pression sur le spectateur. Ce dernier se laisse embarquer dans l’enquête et ne parvient pas à s’en dégager avant un final particulièrement bien filmé. Le rythme lent permet de faire un parallèle avec la psyché du héros, tout en laissant, au fur et à mesure de l’enquête, la caméra se faire plus distante et le montage plus dynamique pour mieux captiver le spectateur.
Comme je le disais plus haut le casting précédent est parti vers d’autres aventures, Nikolaj Lie Kass a rejoint le casting de la série « Britannia » et Fares Fares celui de « La Roue du Temps », entre autres. Deux acteurs très occupés qui ont nécessité un casting différent. C’est donc Ulrich Thomsen (The New Pope) qui reprend le flambeau, en composant un personnage plus vieux, plus mure et donc plus torturé. Face à lui, c’est en revanche peut-être la déception de ce 5ème volume, Zaki Youssef (The Looming Tower) qui, s’il livre une prestation remarquable et impeccable, se retrouve avec un rôle plus effacé que dans les précédents opus avec beaucoup de consistance et d’interaction avec son collègue.