A la suite de la mort d'un Président d'un Etat fictif, le procureur Henri Volney qui s'est penché sur ce décès refuse les conclusions de l'enquête. Il parvient à interroger un témoin qui lui dévoile la part d'ombre de cette histoire, mais les auteurs du meurtre ne souhaitent pas qu'il découvre la vérité.
Nous sommes en 1979, il y a 16 ans, le président des États-Unis John Fidzgerald Kennedy mourrait sous les balles d'un ou plusieurs tireurs. A l'époque certaines rumeurs commencent à enfler sur la véracité de la thèse officielle qui désigna Lee Harvey Oswald comme seul et unique tireur. C'est dans ce contexte que nait l'histoire de "I Comme Icare", un thriller complet et complexe. Même sans aller trop dans le détail de l'histoire dans l'histoire, la scène d'ouverture montrant un président d’un état fictif arriver dans une décapotable, sur un grand boulevard et se faire tirer dessus par un tueur embusqué dans un immeuble et voir ensuite des témoins accréditer une autre thèse que celle des autorités, voilà qui ne laisse aucune place au doute. Le réalisateur qui signa le scénario avec Didier Decoin (Le roi Danse) se lance alors dans un thriller impitoyable où se mêle la politique, la finance mafieuse et les pressions en tout genre. Car, le film est avant tout une œuvre de fiction dans laquelle tous les coups sont permis et où parfois les incohérences mènent à faire avancer l'intrigue. Car des incohérences, il y en a, mais elles servent avant tout à mettre en lumière toutes les pièces d'un puzzle qui paraissaient pour du complotisme à l'époque, lorsqu'il s'agissait de Kennedy, mais qui, dans le cas présent, font monter un peu plus la pression. Sans grands effets de manche, l'intrigue de libéré à mesure que les pièces du puzzle s'imbriquent pour arriver à une conclusion surprenante mais tellement cohérente. Verneuil et Décoin s'amusent à brouiller les pistes et à nous entraîner dans une affaire dont les cloisons semblent si épaisseur qu'elles paraissent difficiles à ébranler. Et comme de vrais spécialistes du genre, ils vont distiller les indices et révéler chaque clé avec une aisance assez remarquable qui fait de I Comme Icare, une véritable réussite.
C'est d'ailleurs du côté de la distribution que le film se retrouve être le plus réussit. A commencer par Yves Montand (Jean de Florette). L'acteur se révèle grandiose dans une composition toute en sobriété et en force sans jamais lever le ton plus que de raison. Très loin des héros musclés et sautant de toi en toi qui ont fait une grande partie du succès de Verneuil, Yves Montand campe un procureur déterminé à trouver la vérité et à prouver qu'il a raison de remettre en cause la version officielle de l'assassinat du président Jarry. Face à lui, une pléiade de seconds rôles, récurrents de l'époque comme Pierre Vernier, ou Georges Beller et Romand Blanche qui viennent apporter au film une véritable identité.
« I comme Icare » est un film magnifiquement maîtrisé par Henri Verneuil et porté avec beaucoup de prestance et de charisme par un Yves Montand au sommet de son art.