Hongrie, 1919. Miraculeusement revenu du front, Tomas exerce comme photographe post mortem dans une foire itinérante : à la demande des familles, il immortalise les défunts en recréant l'illusion de la vie par de savantes mises en scène. Alors qu'il vient d'arriver dans un village lourdement endeuillé, il est saisi par les révélations de la jeune Anna : le village serait hanté par des spectres mystérieux et terrifiants...
La photographie « Post Mortem » est un genre bien particulier qui apparut au XIXème siècle à une époque où la mort était très présente : Les guerres, les épidémies etc…et particulièrement dans la population la plus jeunes. L’art photographique qui en est à ses début, est en plein essor et offre ainsi aux familles endeuillées de pouvoir garder un ultime souvenir avec le défunt. Les photographes utilisaient l’art de l’angle et certains stratagèmes mécaniques qui permettaient de garder la dépouille du défunt dans la position choisit par la famille. Un art que l’on retrouva au cœur de certains films comme « Les Autres » d’Alejandro Amenabar en 2001, avec Nicole Kidman. Notamment parce que c’est art questionne directement sur notre rapport à la mort, et ouvre la porte à toutes les fantasmagories possibles.
Et c’est sur terrain que le réalisateur Hongrois Peter Bergendy a décidé de planter les graines de on troisième film. Grand amateur de cinéma de genre, le réalisateur Hongrois vient ici prouver une nouvelle fois, après Lazlo Nemes et son remarquable « Fils de Saul » en 2015, que le cinéma de son pays sait s’approprier les genres et les réinventer pour mieux en sortir l’essence même et ne pas laisser le spectateur passif ou voyeur de ce qui se trame devant lui. Ici, Peter Bergendy nous invite à suivre les pas de Tomas, photographe spécialisé dans la photographie « Post Mortem », d’où le titre du film, mais qui après son arrivée dans un village endeuillée, va se retrouver aux fantômes des défunts bien décidés à faire passer un message. Le scénario de Piros Zankay (The Last Image) va alors nous entrainer dans une intrigue où certains thèmes majeurs autour de la mort seront abordés comme : Les Traumatismes, les souvenirs de l’inconscient et ce rapport à la mort que nous pouvons avoir et qui peut nous hanter longtemps. Jamais dans l’excès le scénario ne force jamais le trait et plonge, avec soin et avec intelligence dans cette Hongrie traumatisée d’après-guerre.
Et le réalisateur va alors nous entrainer dans sa vision du film d’horreur dans laquelle les ambiances seront privilégiées aux effets sonores, pour mieux imprégner les spectateurs. Malins et particulièrement maitrisés les effets d’ambiance marquent beaucoup plus que les inévitables coups de basses qui viennent nous annoncer la venue d’un fantôme ou autre manifestation paranormale. Le duo que forment Tomas avec la petite Anna est une petite perle en soi, la réticence de l’autre servant de contre-poid à la fausse innocence de l’autre.
D’ailleurs, le duo que forme les deux acteurs Viktor Klem (Whisky Bandit) et Frizsina Hais (Berlin Station) est remarquable de sincérité et de finesse et porte le film sur ses épaules avec beaucoup de réussite. Jamais dans l’outrance ou dans la surenchère ils parviennent à se mouler dans les ambitions du réalisateur visant à donner à son film une texture particulière. Pas étonnant du coup que le film fut sélectionné pour représenter la Hongrie aux Oscars.