Charlie, un chien gangster avide de richesse, se fait tuer par Carcasse le bouledogue et son comparse Zigouille. Il se retrouve au Paradis mais parvient à revenir sur Terre grâce à un tour de passe-passe. Alors qu’il organise sa vengeance avec son ami Gratouille, il rencontre Anne-Marie, petite orpheline de sept ans, qui a le don de parler aux animaux.
Don Bluth a suivi un parcours atypique fait de succès et d’échecs. Après avoir passé 8 années au sein des studios Disney pour lequel il travailla sur des films tels que « Robin des Bois », « Rox et Rouky » ou encore « Peter et Elliott le dragon », Bluth va s’associer avec deux autres animateurs du groupe : Gary Goldman et John Pomeroy et fonde la société Don Bluth Productions. Après un premier long métrage d’animation salué par la critique et par ses pairs : « Banjo The Woodpile Cat ». Le film ne suffit pas à remplir les caisses, mais le suivant va, au contraire, lui apporter son premier succès que sera « Brisby et le Secret de Nimh ». Mais Le film ne suffit toujours pas à remplir les caisses, et il faudra des rencontres, notamment un investisseur : Morris Sullivan et un réalisateur en pleine gloire : Steven Spielberg, pour que Don Bluth puisse décrocher son premier gros succès lucratif : « Fievel et le nouveau monde ». Suivra ensuite un second énorme succès en collaboration avec Spielberg : « Le Petit Dinosaure et la vallée des merveilles ». Mais voilà, la rigueur imposée par la méthode Spielberg, ne convient pas à la créativité de Don Bluth qui décide de voler de ses propres ailes.
Il se lance alors dans la conception d’un dessin animé très inspiré de certains Disney sur lesquels a travaillé Bluth : « Bernard et Bianca » ou « Les 101 Dalmatiens ». En animation traditionnelle, compris en utilisant des techniques utilisées sur « Blanche Neige et les 7 Nains », notamment celle qui consiste à faire jouer à un acteur ou une actrice un rôle pour ensuite calquer ses mouvements, et rendre le personnage plus fluide. « Charlie mon Héros » sera donc cette production qui doit amener l’indépendance créatrice tant voulu par le réalisateur. Il va surtout amener une tonalité bien différente de ce qui se fait dans les productions du moment. Et le risque est grand, car le scénario va mettre en avant eux éléments, jusqu’ici, plutôt tabou, dans l’animation : La mort en frontale et le héros aux méthodes peu recommandables. Ce sont les deux points particulièrement saisissant dans « Charlie mon héros ». Car dès l’ouverture du film nous comprenons que Charlie est un brigand, un arnaqueur et qu’il est ensuite assassiné par son ami. Autant le dire, une prise de risque qui aurait pu faire fuir le public.
Pourtant l’intelligence du scénariste David N. Weiss (Shrek 2) est de ne pas le traiter comme un traumatisme, mais comme une nouvelle facétie du héros, qui va réussir à revenir dans le monde des vivants et se venger de son « ami ». Jamais pesant, le scénario est surtout l’occasion d’aborder le sujet de l’abandon, de l’amour et surtout du partage. Intelligemment écrit, l’intrigue entraine les enfants dans une aventure haute en couleurs et en péripéties, qui rendent l’ensemble particulièrement passionnant et notamment, Charlie, dont le ton décalé et retors qui le rend moins lisse que la plupart des héros de la planète Disney.
Un peu hystérique dans sa construction, « Charlie mon héros » n’en demeure pas moins une œuvre intéressante et captivante qui va multiplier les styles et mélanger les techniques, au point de donner quelques tensions ou quelques saturations à certaines scènes, avec une synchronisation qui peut parfois être défaillante et des flous qui viennent perturber le visionnage. Lors de sa sortie le film eut la malchance de se retrouver face à un mastodonte Disney que fut « La Petite Sirène ». Disney souhaitant recouvrir sa couronne de roi incontesté de l’animation. « Charlie mon Héros sera le premier échec au Box-Office pour Don Bluth, mais le long métrage d’animation, finira par trouver sa place notamment dans le secteur de la vidéo.