Au cœur de la capitale, un lycée tente un pari fou : intégrer des élèves de quartiers populaires et briser la spirale de l’échec scolaire grâce à la danse Hip Hop. Allons Enfants est l’histoire de cette expérience unique en France.
Le cerveau un peu alourdi par une chaleur écrasante d’un été caniculaire, je me décidais à me plonger dans le programme de ce documentaire au titre énigmatique. Un titre qui sonne autant comme une allusion à l’hymne nationale que comme un cri de guerre destiné à de jeunes padawans. Le générique commence, puis les premiers visages apparaissent et le documentaire de dérouler petit à petit les contours d’une intrigue qui va vite se révéler surprenante. Non pas que le sujet semble si révolutionnaire ! Il l’est d’une certaine manière, mais c’est plutôt dans le regard de ces jeunes, dans ce qu’ils disent, de la façon dont ils peignent un quotidien ou un passé pas toujours destiné à les mener vers la réussite. Et puis il y a ces professeurs dont les mots tentent d’apaiser ou d’ouvrir une porte. Il y a des situations où les positions académiques ne sont pas toujours les réponses à la soif de vivre ou de survivre de ces jeunes.
Car, quand je disais : « pas révolutionnaire », c’est par cette manière de présenter le projet : Un lycée Parisien décidé d’ouvrir l’un de ses programmes à des jeunes issues des banlieues. Et d’ailleurs, le début du documentaire commence comme cela, avec des jeunes issues de milieu défavorisés qui parlent de leurs premiers contacts avec des élèves parisiens au parlé plus soutenu et moins imagé que le leur. Puis à mesure que les minutes s’écoulent et que les paroles se libèrent et que les cours s’enchainent, le projet prend sens, la bienveillance que l’on imaginait feinte se révèle sincère et surtout la chaleur caniculaire fait place à la chaleur d’un documentaire qui va transporter le spectateur dans un programme qui a trouvé le moyen de refuser l’échec scolaire et s’appuyant que la passions de ces élèves et sur leur identité.
On ne peut s’empêcher de sourire et de saluer le verbe de Nathanael ? Ce garçon qui a bien du mal à garder le cap du projet mais se révèle dans la danse, sait aussi nous toucher lorsqu’il se confie sur ses difficultés, sur ses doutes et sur sa persévérance. On est touché par la force et la détermination de Charlotte qui décide d’accepter de ne pas être faite pour les études, ou encore Katia dont la fragilité semble s’évaporer dès que les premiers rythmes de musiques se déchainent. Ou encore par Erwan, dont la vie semble sortie d’une œuvre de Zola et qui trouve dans la musique un exutoire nécessaire pour survivre aux épreuves de la vie.
Tous ces jeunes, et c’est la véritable force de ce documentaire, ne sont pas là pour faire un énième constat alarmant des quartiers populaires, ils viennent prouver que lorsqu’un établissement s’intéresse à eux, vraiment, sincèrement, il parvient à les porter, à les emmener au bout de leur passion et changent la couleur de leur destin. Ce documentaire est un vent de fraicheur dans ma soirée pesante de chaleur, car il vient enfin parler des quartiers, populaires, des banlieues en mettant en valeur toute sa diversité et toute sa beauté.