Dans une société futuriste, le sport national est une course de voitures où les points se mesurent au nombre de passants écrasés.
Bien !!!! C’est assez difficile d’apporter un jugement sur ce film réalisé par Paul Bartel (A ne pas confondre avec le jeune acteur français qui s’est illustré dans « Le Souffle au cœur »), dont la carrière en tant que comédien fut plus réjouissante avec des films comme « Usuel Suspects » (1995) de Bryan Singer ou « Basquiat » (1997) de Julian Schnabel, sans toutefois toucher les cimes non plus. Dans tous les cas, plus que sa carrière de réalisateur qui resta plus ou moins sur la lignée de cette « Course à la mort de l’an 2000 » qu’il signa en 1975 et qui voyait poindre des comédiens qui allait marquer le cinéma américain, à commencer par un certain Sylvester Stallone qui trustera le box-office par la suite, avec « Rocky » et « Rambo » ou encore Martin Kove, le senseï de « Karaté Kid » (1984). Mais la tête d’affiche n’est autre que David Carradine, qui cartonnait à la télévision avec la série « Kung-Fu ».
Produit par l’irremplaçable Roger Corman, réalisateur, scénariste et producteur inévitable dans les années 60-70-80, avec un nombre hallucinant de série B et Z, qui ont plus ou moins marqué le cinéma comme « La Femme Guêpe » et « La Petite Boutique des Horreurs » en 1960 ou encore la première incursion des « Quatres Fantastiques » en 1994, dans laquelle il officiait en tant que coproducteur. De cette association entre le producteur et le réalisateur en sort cette fable très décalée sur le culte de la violence, dont la société 70’s imaginait que la monde allait se diriger dans les années 2000. Une vision sombre et décalée qui n’est pas sans rappeler le très satirique « Idiocracy » (2006) de Mike Judge, ou dans un style radicalement différent : « American Nightmare » (2013) de James DeMonaco, dans lequel un fois l’an tous les crimes sont autorisés.
Dans « la Course à la mort de l’An 2000 », c’est une course qui a lieu une fois par an, dans laquelle tous les coups sont permis et surtout le nombre de point se calcule en personnes écrasées. Cela donna d’ailleurs une blague répandue lorsque l’on conduit sur le nombre de points que rapporte telle ou telle victime. Avec des moyens, semble-t-il, extrêmement limités, le réalisateur nous entraine donc dans ce monde futuriste, avec des acteurs qui en font des caisses et des effets spéciaux qui datent de Méliès, et encore, car au moins, lui savait rendre poétique l’ensemble. Ce qui n’est pas le cas de ce film qui ne ressemble à rien d’autre à l’époque, mais qui ne ressemble également à rien. Car tout est mal tenu, et l’on a bien du mal à entrer dans cette succession de scène ridicules, de cette course qui ressemble plus à celle des Caisses à Savon dans l’Ohio ou maintenant à Toulouse en France.
Le scénario signé par Ib Melchior (The Time Travelers), Robert Thom (Les Jeunes Loups) et Charles B. Griffiths (Devil’s Angel) ne manque pourtant pas d’intérêt à la base en signant une critique acerbe de la culture de masse aux Etats-Unis notamment les grandes manifestations sportives ou encore les émissions de TV quelques peu déviantes dont Stephan King s’inspirera pour son « Running Man ». Ici, le film dépeint une société futuriste qui ne recule devant rien lorsqu’il s’agit de faire dans l’extrémisme comme cette scène où des personnes âgées sont mises sur la route des bolides pour y être écrasées. Le scénario et la mise en scène appuient même sur ce décalage entre mauvais goût et cynisme lorsque la femme de la première victime reçoit en cadeau un voyage, comme si la mort de son mari était une aubaine.
Réalisé avec un certain décalage assumé, le film « La Course à la mort de L’An 2000 », pouvait paraître, à l’époque, sulfureux et radicale (Il essuiera d’ailleurs des critiques violentes lors de sa sortie), l’édition Blu-ray montre qu’il n’est qu’un simple produit de série B, assez pesant sur la longueur, même si le scénario ne manque pas d’intérêt, particulièrement dans sa peinture sombre et radicale de ce qu’imaginaient les américains des années 70, que seraient la réalité des années 2000. Nous n’en sommes pas si loin, il suffit de voir comment le monde ferme les yeux sur le désastre écologique et humain de la coupe du Monde au Quatar.