Jamie Shannon est un mercenaire de renom. Son job : parcourir le monde et participer à toutes les guerres qui peuvent l’enrichir. Il vient d’accepter la mission la plus dangereuse de sa carrière : organiser un pustch au Zangaro, état africain gouverné par un dictateur sanguinaire. Pour remplir son contrat, il recrute une équipe de dangereux mercenaires : de véritables chiens de guerre...
John Irvin est un réalisateur un peu à part dans l’univers du cinéma américain. D’abord parce que ses faits d’armes ne se limitent qu’à des productions dites : « d’Actionners », comme « Le contrat » avec Arnold Schwarzenegger en 1986 et « Hamburger Hill » l’année suivante. Le réalisateur s’est ensuite beaucoup moins illustré et s’est retrouvé dans des productions de secondes zones, vite oubliables. Pourtant, en 1980, il tourna un film qui sortait quelque peu des sentiers battus, avec en tête d’affiche un Christopher Walken, fraîchement auréolé pour sa prestation dans « Voyage au bout de l’enfer » de Michael Cimino sorti en 1979. Le film suit les traces d’un mercenaire à qui l’on confiât la difficile mission d’ébranler un pouvoir en place dans un état d’Afrique fictif.
Sur le papier, le sujet n’est pas inintéressant mais le résultat se fait vite en demi-teinte, car le scénario de Gary Devore (Le Contrat), qui est une adaptation du roman éponyme de Frédéric Forsyth, cherche avant tout à lier la réflexion sur ces hommes qui furent largement utilisés dans les années 60 et 70, mais également un « Actionner » ou un film de guerre classique. Or, il n’en n’est rien, car le film va plutôt s’intéresser aux personnages, sans pour autant prendre le temps de réellement leur donner du volume, il va surtout mettre la finance, plus que le pouvoir au cœur de son intrigue. Un choix qui aurait pu être audacieux, mais qui se révèle un peu pauvre au final, tant aucun des protagonistes ne se détache réellement et ne suscite un véritable intérêt. Même celui de Shannon, joué par un Christopher Walken impeccable mais pas vraiment concerné, ne ressemble à rien d’autre qu’un personnage vénale et sans scrupule. C’est un parti pris intéressant, si ce n’est que la mise en scène décousue du réalisateur vient accentuer le malaise.
Car John Irvin, ne semble pas avoir choisi son camp. Il veut faire un film de guerre musclé mais ne nous propose de deux scènes de guerre assez propres, et accumule les scènes de dialogues, bavardes et parfois abrutissantes pour ne pas servir à grand-chose. Pourtant, parfois le réalisateur se révèle inspiré comme lors de la rencontre avec le commanditaire, où l’on comprend que le cœur de l’intrigue se logera dans les intérêts financiers de grandes sociétés capitalistes plus que dans les intérêts stratégiques de l’état. En ça le film est intéressant car il tente, maladroitement certes, d’alerter sur les manipulations malveillantes de la finance. Mais voilà, tout le monde n’est pas Oliver Stone ou Costa-Gavras, et le sujet est ici perdu entre un choix que le réalisateur n’arrive pas à faire.
En conclusion, « Les Chiens de guerres » est un film qui ne manque pas d’intérêt mais se perd dans un choix que le réalisateur n’arrive pas à faire, celui du film de guerre pur et simple, ou celui plus politique. Le film déroute et même la prestation, a minima, mais précise, quand même, de Christopher Walken ne parvient pas à sauver la dérive.