Alice Spages est une jeune fille très réservée de 12 ans vivant avec sa mère et sa jeune soeur Karen, qui monopolise toute l'attention de sa mère. Alors que Karen s'apprêtait à fêter sa première communion, elle est retrouvée sauvagement assassinée dans l'église.
Alfred Sole est un réalisateur à part dans l'univers du cinéma et de la télévision. D'abord parce qu'il peut être considéré comme un électron libre aux idées extrêmement précises. Accumulant mésaventures et déceptions il a tout de même gardé un cap dont il ne s'est jamais éloigné pour ensuite gagner une réelle reconnaissance à la télévision dans des séries comme « Castle » ou encore « Melrose Place ». Son début de carrière fut pourtant un désastre avec une réalisation, très mouvementée, un film érotique « Deep Sleep » en 1972 pour un budget de 25000 qui sera interdit pour inconvenance et qui lui vaudra des déboires avec la religion catholique. Une excommunication sera même prononcée contre lui. Mais l'homme n'est pas du genre à se laisser abattre et est bien décidé à trouver sa place dans le cinéma et à devenir un réalisateur qui compte. Il va alors se lancer dans un projet que l'on pourrait considérer comme le premier « Slasher Movie », comprenez-en cela un film où des victimes sont poursuivies par un tueur implacable dont l'arme favorite est le couteau.
« Alice Sweet Alice » présente deux curiosités intéressantes, d'abord la présence à l'écran de Brook Shields jeune star en devenir dont la carrière explosera quelques années plus tard en 1980 avec « Blue Lagoon » de Randal Kleiser (Grease), notamment. L'autre surprise est que le personnage maléfique en question n’est autre qu'une petite fille de 12 ans (jouée par Paula E.Sheppard, une actrice de 19 ans, dont la carrière ne fut pas plus prolifique). Si le fait d'utiliser des enfants pour créer la peur n'est pas réellement nouvelle au cinéma à l'époque, on peut citer des films comme « Le Village des Damnés » de Wolf Rilla en 1960, ou encore « Les révoltés de l'an 2000 » en 1976, ou le plus connu d'entre eux : « The Omen (Damien la malédiction) » en 1976. « Alice Sweet Alice » marque un tournant puisque la fameuse enfant semble réagir à des impulsions répondant à des caprices. Et que l'intrigue va tout de même nous réserver quelques bonnes surprises, particulièrement dans le déroulement de l'histoire.
Alfred Sole qui a également signé le scénario, va s'amuser d'abord à dessiner des personnages toujours en marge, malgré des apparences respectables, comme tous ceux qui représentent le corps ecclésiastique et dont on imagine que le réalisateur s'est amusé à régler ses comptes. Chacun des personnages y apparaît en deux manières : La respectable et la non avouée. Sole n'hésite pas à mettre en scène des personnages aux tendances pédophiles comme le gros voisin ou le prêtre lui-même dont la proximité avec les jeunes filles apparaît vite douteuse. Il y a la mère, également, qui ne voit le bien que dans sa fille Karen (Brooke Shields) mais qui, du coup, peut-être la raison des problèmes sociopathiques d'Alice, par son désintérêt de la deuxième enfant. Nous l’aurons vite compris, « Alice Sweet Alice » est un Slasher bien plus ciselé qu'il n'y paraît.
Mais voilà, le manque de temps, les nombreuses interruptions de tournage, le financement compliqués font que le résultat est souvent décousu et parfois mal tenu. A commencer par le jeu des acteurs qui ne brille pas par sa qualité, loin de là. L'actrice Linda Miller (17 ans encore), par exemple, qui fit une tentative de suicide durant le tournage, force beaucoup trop le trait et en devient particulièrement irritante. Un constat que l'on pourrait faire à l'ensemble de la distribution dont les carrières n'ont, d'ailleurs jamais réellement décollées.
« Alice Sweet Alice » est donc un film d'horreur à découvrir par curiosité, mais sans grand intérêt culturel, si ce n'est d'avoir ouvert la porte à un style qui marquera le cinéma de genre avec des films comme « Halloween », ou « Vendredi 13 » par exemple.