Marc Stevens est un chanteur itinérant. A l'hospice, le concert est terminé. Celui-ci reprend la route, mais il tombe en panne au milieu de nulle part. M. Bartel, un aubergiste psychologiquement fragile depuis que son épouse Gloria l'a quitté, le recueille. C'est alors que commence le cauchemar de Marc : M. Bartel voit en lui l'incarnation de son ex-femme et tout le village est persuadé que celle-ci est rentrée au pays.
Vivre l’expérience « Calvaire » c’est vivre une immersion dans ce qui se fait de plus sombre et de plus inventif dans l’univers du film d’horreur. De nationalité belge, ce film n’est pas une révolution en soit, mais il signe la naissance évidente d’un cinéaste de l’esthétisme comme un Jan Kounen (Doberman) ou un Bunuel (Le Charme Discret de la Bourgeoisie). Ici l’idée de départ était de réaliser un film dont l’esprit serait fortement inspiré de « Massacre à la tronçonneuse » de Tobe Hopper (1984) à l’ambiance Survival très poussé et aux personnages dégénérés qui vont se déchainer sur une victime prise au piège par hasard. Il est même possible de penser à « Délivrance » (1972) de John Boorman, qui prenait déjà cette idée de dégénérés qui vont s’acharner sur des touristes. La film se veut pourtant radicalement différent, puisque dans le film de l’américain la vengeance prendra la majeure partie du film, alors que dans « Calvaire » la victime semble ne jamais en voir le bout.
Il serait stupide de dire que ce film ne sert à rien tant, il apporte les qualités évidentes d’un cinéaste visuel qui sait s’acclimater des caprices du temps de la couleur et du timing imposé par la direction. Le scénario qu’il a lui-même écrit avec son compère Romain Potrat avec qui il signeront également ensemble le magnifique film « Adoration » en 2020, s’amuse de toutes ces peurs simples que provoquent des environnements hostiles et glauques comme celui dans lequel évolue les personnages. Ils ont également fait le choix de l’intemporalité pour mieux appuyer cette ambiance particulière qui plonge le spectateur dans un environnement que le met inconfortable. Ciselé avec précision, le scénario va alors dérouler des peintures de personnages inquiétants ou non qui vont évoluer au fil de l’intrigue et montrer leurs côtés dégénérés, à commencer par Bartel, magnifiquement joué par Jackie Berroyer (Adieu les Cons) parait avenant mais va très rapidement changer de visage dés que la folie aura pris place de son esprit.
Pour cela le réalisateur va multiplier les scènes parfois choquantes va va surtout utiliser des angles de caméras surprenant come l’un des scènes finales où la caméra survole ce qui est en train de passer dans une couleur rouge sang qui rend encre plus effrayante la tension de la scène, ou encore celle où les hommes dansent une chorégraphie improbable comme si tous les monstres de Frankenstein dansaient en même temps. Très inspirés des cinéastes de genre et de ceux qui aiment utiliser la métaphore, la rêverie et la folie dans leurs œuvres, Fabrice du Welz réussite le pari le livrer une œuvre hors norme, choquante, captivante et parfaitement maitrisé qui fut même adoubé par le maitre français du genre : Gaspard Noé.