Ce n'est vraiment pas le moment pour Jean-Pierre, agent sportif, de garder le labrador d'une amie pendant une semaine alors qu'il est empêtré dans de sombres affaires. Et pourtant, cette corvée va l'entraîner dans la plus hallucinante des aventures, où son pire cauchemar risque bien d'être la chance de sa vie.
Scénariste de « La Cité de la Peur » et déjà acteur sur de nombreux projets, Alain Chabat en 1994, est surtout connu pour être l’un des membres du groupe d’humoristes officiant sur Canal + : « Les Nuls », avec ses Compères : Chantal Lauby (Qu’est qu’on a fait au Bon dieu ?), Dominique Farrugia (L’Amour c’est mieux à deux) et Bruno Carette (Milou en Mai). Mais c’est en 1997, que Chabat va prendre une autre dimension et voir sa carrière devenir une nouvelle référence, celle d’un réalisateur intuitif et précis aux histoires chaque fois plus maitrisée, au point de devenir celui qui battra tous les records d’entrée 4 ans plus tard avec « Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre ».
En 1997, c’est avec « Didier », l’histoire d’un chien qui se transforme en homme et va perturber et changer radicalement la vie de Jean-Pierre, un agent sportif croulant sous les ennuis en tout genre. Sur un scénario qu’il a lui-même écrit, Alain Chabat va nous transporter dans uen histoire où la folie, le burlesque et l’intelligence d’écriture, particulièrement la douceur narrative de son auteur transpire à chaque plan. Nous pouvons aisément dire que le style Chabat s’est affirmé ce jour là et qu’il n’en sortira que rarement, si ce n’est pour se prêter au style d’un autre groupe d’humoriste : Les Robins des Bois dans « RRRRR ». Ici Chabat, s’amuse de tout, de l’incohérence des situations, de son amour du foot, de sa passion pour ses acteurs et surtout de sa capacité à faire n’importe quoi et surtout à jouer à la perfection la gestuelle du chien. A travers un scénario qui peut paraître absurde, Alain Chabat livre son premier regard plein de douceur et avec une intelligence rare, nous amène à réfléchir sur la relativité des choses et ce besoin essentiel de ne jamais se décrocher des autres.
Sa mise en scène, va d’ailleurs en ce sens, puisqu’elle e cherche jamais le plan le plus remarquable, mais le réalisateur aime jouer des techniques comme lorsqu’il utilise le morphisme lors d’un monologue de Jean-Pierre Bacri (Le Sens de la fête), dont le style est utilisé par le réalisateur pour faire le meilleur des contrastes entre l’innocence de Didier, interprété par Chabat lui-même et celui à qui il a été confié et qui n’a d’autres préoccupations que de se sortir de ses ennuis sans jamais réellement faire attention aux gens qui l’entourent. Et c’est d’ailleurs de là que tient toute la force de la réalisation d’Alain Chabat, que d’amener son personnage à travers ce chien devenu homme à se reconnecter avec l’humain, avec les sentiments, la bienveillance et l’empathie. Une thématique que l’on retrouvera de toutes les manières possibles dans le cinéma d’Alain Chabat.
Nous l’avons effleuré un peu plus haut, mais évidemment Jean-Pierre Bacri campe un personnage bougon, comme jamais, portant son art au sommet et façonnant de la plus belle des manière ce style qui deviendra sa signature jusqu’à sa disparition en Janvier 2021. L’acteur parvient toujours à trouver la bonne tonalité pour nous émouvoir ou nous faire rire, comme avec cette fameuse réplique : « On ne sent pas les culs ! ». Nul autre que Bacri aurait pi la dire avec autant de justesse et de drôlerie, sas jamais casser son style.
« Didier » d’Alain Chabat est donc un film à (re)découvrir de toute urgence pour mieux cerner le cinéma et le style de ce réalisateur français sensible et drôle qui sait manier les cordons de la comédie comme peu de réalisateurs savent le faire. Son sens du burlesque et de l’émotion fait mouche à chaque plan et à chaque réplique et si le film est devenu culte, ce n’est évidemment pas pour rien.