Un homme d'affaires milliardaire décide de faire un film pour laisser une empreinte dans l'Histoire. Il engage alors les meilleurs : la célèbre cinéaste Lola Cuevas, la star hollywoodienne Félix Rivero et le comédien de théâtre radical Iván Torres. Mais si leur talent est grand… leur ego l’est encore plus !
Voilà un film bien singulier ! A la fois dans sa forme narrative, presque épurée et touchant presque le burlesque, et en même temps très académique par des plans soignés presque scolaires. Mais c’est surtout un film qui nous emmène dans un univers souvent méconnu, celui du travail des acteurs. Pas celui qui consiste à jouer devant une caméra, non, celui qui consiste à répéter un rôle, à s’approprier un personnage afin de le devenir et de rendre le meilleur de son art pour être tout simplement à la hauteur. Un sujet dont on entend souvent parler sans pouvoir toutefois mettre une image dessus. On peut ainsi prendre pour exemple, le cas de Heath Ledger qui s’était tellement investi dans la rechercher et la création de son personnage du Joker dans « The Dark Knight » de Christopher Nolan en 2008, qu’il en était sorti vidé, épuisé. Ou encore Marion Cotillard qui disait à quel point elle s’était senti habitée presque possédée par le personnage d’Edith Piaf dans « La Môme » d’Olivier Dahan en 2007. La liste serait trop longue de ces acteurs qui poussèrent la recherche le plus loin possible pour que leur personnage soit le plus juste possible devant l’écran. Il suffit même de ne citer que la méthode de Constantin Stanislavski utilisée dans les rangs de l’Actor’s Studio, afin de se plonger, physiquement et mentalement dans un personnage.
Les méthodes sont nombreuses et chaque acteur son propre style. C’est ce qu’ont voulu nous montrer les réalisateurs Mariano Cohn et Gaston Duprat dans leur film « Compétition Officielle », dans lequel on y voit des acteurs et une réalisatrice se préparer à un tournage. Cela donne des scènes savoureuses où chacun se prépare à sa propre manière et aborde son rôle suivant son propre enseignement et se permet souvent de juger l’autre. La Metteuse en scène quant à elle se retrouve à devoir canaliser ces talents et improviser des séances pour que chacun puisse correspondre à sa propre vision de son histoire. Le film se singularise, car il utilise des comédiens aux carrières bien différentes qui font écho au scénario signé par les deux réalisateurs ainsi que par Andrès Duprat (Un Coup de Maitre) qui maitrisent, évidemment, parfaitement le sujet. Jamais dans la caricature outrancière, ls cherchent avec leur scénario à montrer à quel point chaque comédien cherche avant tout à se laisser habiter par son rôle. Il y a celui qui va chercher à définir son personnage en lui inventant un passé, en fonction de ce qu’il ressent, et l’autre qui va le laisser venir en fonction de la scène.
Antonio Banderas (le Masque de Zorro) acteur espagnole à la carrière américaine incroyable se retrouve face à Oscar Martinez (La conspiration des belettes), qui lui s’est fait remarquer par une carrière plus européenne. Les deux acteurs rivalisent de drôlerie et s’auto parodiant presque, pour donner corps à cette histoire qui nous plonge dans un univers méconnu. Pour faire le lien entre les deux une actrice également à la carrière internationale hallucinante : Penelope Cruz (Le Crime de l’Orient Express). Les trois acteurs portent le film et nous font rire autant que nous touche parfois en mettant en lumière les fêlures et les doutes de ces artistes.