Une série de crimes affecte l'entourage d'un chanteur célèbre. Chaque fois que l'un d'eux est perpétré, la voix de l'artiste se fait entendre fredonnant sa chanson favorite. Les soupçons déterminent une poursuite dans un Paris nocturne qui aboutit à un théâtre désaffecté où l'assassin a attiré sa dernière victime...
Christian Stengel ne réalisa qu’un peu plus d’une dizaine de films, et « Seul dans la nuit » autant que « La Famille Duraton » (1939) restèrent dans la mémoire collective. Le dernier était une comédie inspirée d’une émission de radio, alors que « Seul dans la nuit » est un film noir dans lequel un tueur sévit dans Paris et marque les esprits en quittant les lieux de son méfait en chantant la chanson d’un chanteur très à la mode. Tous les soupçons vont alors logiquement se tourner vers ce chanteur. Mais l’inspecteur Pascal n’est pas au bout de ses surprises. Et le scénario, s’il n’est pas renversant et ne va pas réussir à garder le suspens bien longtemps, il va tout de même être suffisamment intéressant pour nous captiver jusqu’au bout, un peu comme le faisait un épisode de Columbo.
Car, dans « Seul dans la nuit » ce sont les personnages qui viennent un peu éventer le suspens. Notamment parce qu’il pousse un peu trop dans la caricature et que dés leur apparitions, nous commençons à nous faire une idée asses fine de qui est l’assassin en question. Mais ce qui est intéressant dans ce film, ne réside pas forcément dans cette galerie de personnage, ou tout du moins dans la manière dont le réalisateur va les traiter et s’amuser avec eux. Car, sous prétexte d’un film noir, les scénaristes vont tisser une intrigue plus proche de la comédie. Et comme le réalisateur a également participé à l’écriture il s’amuse de ces personnages et va traiter son intrigue avec un certain sens de la comédie qui va capter l’attention du spectateur.
Et ce sont alors une galerie de personnages dont les codes sont eux-mêmes inspirés du cinéma muet qui n’est pas encore si éloigné, à l’instar de M. Tolu, un personnage excentrique et original, magnifiquement interprété par Louis Salou (Les enfants du Paradis), avec un jeu inspiré de celui des clowns ou de ces comiques qui ont fait les grandes heures du cinéma muet. Ainsi, le réalisateur s’amuse de ses personnages et des codes du film noir qui commence à trouver ses grandes des deux côtés de l’atlantique. Pour autant, « Seul dans la nuit » n’est pas seulement un mélange des genres c’est aussi un film maitrisé par son réalisateur, qui sait parfaitement où il veut emmener ses spectateurs, mais ne semble pas très regardant que le jeu de ses acteurs.
Car si Bernard Blier (Les Tontons Flingueurs), dont la carrière commence à être lancé (Il a tourné dans déjà presque une vingtaine de films et commence à être l tête d’affiche) est juste dans ce rôle d’inspecteur instinctif et un peu fleur bleu, et Sophie Desmarets (Le mur de L’Atlantique), jeune débutante au style déjà bien ancré, le reste de la distribution surtout dans les rôles de figurations parlés ne font pas dans la subtilité et gêne un peu à la fluidité des dialogues et marquent même le contraste assez nettement avec les acteurs principaux.