Tony, la cinquantaine, chauffeur d’autobus scolaire renfermé sur lui-même, vit seul après avoir abandonné femme et enfant vingt ans plus tôt. Bousculé par un malaise cardiaque, il trouve le courage nécessaire pour affronter son passé et s’inscrire incognito dans le cours de danse dirigé par sa fille, qu’il n’a jamais connue, dans le but de la (re)conquérir et de donner un sens à sa vie.
La cinquantaine fait parfois prendre des virages dans une vie déjà bien remplie. Avec « Rumba la vie », c’est ce qui semble être arrivé à Franck Dubosc (Camping) qui, pour sa seconde réalisation signe un scénario tout en tendresse avec un personnage principal, sombre et solitaire qui ne semble pas savoir comment faire avec les autres, peut-être de peur de devoir se découvrir et, alors qu’il vient de faire un malaise cardiaque, semble prendre conscience de l’importance des autres et va donc tout faire pour se faire accepter par sa fille dont il apprend l’existence. Remettant, tout d’un coup tout en perspective pour les années qui lui reste à vivre. Si le scénario n’est pas le plus stylisé, il reste sincère dans son écriture et donne un ensemble assez sympathique, mais qui va faire passer quelques passages savoureux, au rang d’anecdotique.
Et c’est peut-être la faute de la mise en scène de Dubosc que ce paradoxe apparaît, car à trop vouloir appuyer ce changement de personnage qu’il semble vouloir interpréter, Franck Dubosc, accentue l’aspect sombre de son récit et certains passages comme lorsque le médecin, joué par un surprenant Michel Houellebecq (Effacer l’historique), lui donne les circonstances dans lesquelles il a fait son malaise sont drôles dans l’écriture mais ont du mal à passer l’épreuve du simple sourire. Pourtant, au final ce n’est pas forcément une tare puisque le film parvient à nous tenir durant les 103 minutes que dure le film. Si on peut reprocher au réalisateur de ne pas avoir réussit à tenir le rythme de la comédie, nous pouvons lui reconnaître d’avoir mis en scène, avec sobriété et quelques incohérences, une histoire touchante qui n’est pas si désagréable à découvrir.
Et d’ailleurs la distribution y joue pour beaucoup, car si Franck Dubosc s’est gardé le rôle principal, il semble chercher assez loin une composition de personnage sombre, et ne peut éviter la caricature, ni certains tics de jeu, mais arrive à garder une régularité dans son interprétation qui finit par payer. Face à lui, Louna Espinosa (Canailles) compense les maladresses scénaristiques, par un jeu simple mais qui parvient à jouer entre l’émotion et la séduction candide. Le duo qu’elle forme avec l’acteur réalisateur est réussit et nous touche par une alchimie qui passe plutôt assez bien. Le reste de la distribution à commencer par Jean Pierre Darroussin (Une si longue Nuit) et Marie Philomène Nga (Il a déjà tes yeux) viennent apporter une touche de légèreté dans le film et leurs apparitions sont savoureuses.
En conclusion, « Rumba la vie » annonce, semble-t-il un changement de cap pour Franck Dubosc qui signe, ici sa deuxième réalisation, après « Tout le monde debout » en 2018. Si l’ensemble fait preuve de beaucoup de maladresses, particulièrement dan l’écriture, l’ensemble reste agréable à regarder et le réalisateur parvient à nous toucher, par une interprétation tout en intériorité et une mise en scène sincère qui cherche surtout à ne pas faire dans l’excès, mais rate parfois sa cible.