1901. Bill Miner, le voleur de diligences, sort de prison après avoir purgé une peine de 33 ans. Tout a changé autour de lui en ce XXe siècle naissant. Découvrant le cinéma, il regarde médusé le film « The Great Train Robbery » et entreprend de s'en inspirer pour se reconvertir, à un âge avancé, dans l'attaque des trains. Après quelques échecs, il parvient à faire un grand coup et décide de se ranger en Colombie-Britannique avec sa jeune épouse. Mais le goût de l'action est le plus fort. Bill Miner a réellement existé, et fut une véritable star au Canada pendant toute sa carrière criminelle. Dans ce film au paysages superbes, le trop rare Richard Farnsworth prête ses traits au célèbre bandit, réputé pour ses bonnes manières.
Voilà un film surprenant ! Surprenant parce qu’il vient nous raconter l’histoire incroyable de l’un des bandits les plus célèbres du Canada et les plus révérés également. Car Bill Miner qui a d’abord officié aux Etats-Unis en attaquant des diligences. Des faits qui le feront aller en prison plusieurs fois entre 1866 et 1881, date à laquelle il fut condamné à 25 années de prisons. Sorti en 1902, le bandits va d’abord tenter une vie tranquille mais sera très vite rattrapé par sa nature et, alors que les diligences ont quasiment disparues, s’attaquer aux trains. Après des débuts ratés dans ce genre il va migrer aux Canada, où sa légende va commencer à prendre corps, notamment parce que les trains qu’il dévalise, appartiennent à la CP (Canadian Pacifique), une compagnie que les Canadiens de l’époque jugent assez mal. La légende se construit alors, Bill Miner passera dans la postérité pour un Robin des Bois, alors que la réalité fut tout autre.
Basé sur un scénario de John Hunter (Best Revenge), le film de Phillip Borsos, prend le parti de parler ce personnage avec une certaine dose de romanesque et surtout avec un ton presque désinvolte, avec un rythme beaucoup moins hystérique que ne le sont d’habitude les films de gangsters. Et si le ton est surprenant, le film est rapidement captivant, notamment parce que l’ensemble joue un contraste flagrant entre le Bill Miner que l’on voit à l’écran et celui qui va commettre ses méfaits et, chaque fois se sortir (Du moins jusqu'à ce qu’il soit arrêté) des situations un peu compliquées. C’est aussi dans le scénario qu’apparaît le personnage de Kate Flynn qui serait en réalité la photographe ayant fait le célèbre portrait du brigand : Mary Spencer. Dans la réalité, les deux n’eurent aucune relation amoureuse, mais la photo ayant rendue célèbre son auteure, celle-ci entra dans la légende, pour rendre plus romantique l’histoire de Bill Miner, dont les surnoms furent : « The Grey Fox » (Le Renard Gris) parce qu’il était rusé et âgé, ou encore « Gentleman Bandit » (Le Bandit Gentilhomme) parce qu’il avait de bonne manière. On lui attribue également la paternité de la célèbre phrase de bandits : « Hands Up » (Les Mains en l’air).
Comme je le disais, donc la mise en scène signe une aventure romanesque, où l’acteur Richard Farnsworth, inoubliable dans « Une histoire vraie » de David Lynch (1999), dans lequel il interpréta un vieux monsieur qui traversa les Etats-Unis en tondeuse à gazon pour aller se réconcilier avec son frère avec lequel il était fâché depuis 10 ans, donne toute a puissance de son jeu a ce personnage tout en contraste que l’on envie de rencontrer, un homme à qui l’on a envie de parler tant la bonté se lie sur son visage, mais ce dernier se révèle vite inquiétant dès lors qu’il apparaît sous sa véritable nature. L’acteur est touchant de justesse et de froideur, et le réalisateur sait utiliser sa composition pour la mettre en valeur dans une mise en scène très précise, qui sort le western de son style balisé et nous entraine, au contraire dans un film serein et presque rassurant.