La chronique d'une communauté isolée dans le désert californien en plein cœur des années 1950, au sein de laquelle une femme au foyer voit sa vie être chamboulée.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la production de « Don’t Worry Darling », ne fut pas de tout repos, tout autant que sa promotion. Il y eut d’abord, la collaboration ratée entre la réalisatrice et l’acteur qui devait jouer Jack (Harry Styles dans le film) : Shia Labeouf (Fury), qui, d’après les dires d’Olivia Wilde, fut renvoyé par cette dernière pour cause de façon de travailler radicalement divergente, alors que l’acteur estime avoir quitté le tournage. Provocant, un flot de déclaration par presse interposée qui devint vite gênante. Il y eut ensuite, l’absence particulièrement remarquée de Florence Pugh lors de la conférence de presse à la Mostra de Venise, où son départ précipité au bout de 3 minutes, au beau milieu de la standing ovation. Et puis, il y eut également, les rumeurs de relations entre l’actrice et Harry Styles, alors que ce dernier était en couple avec la réalisatrice. Autant le dire, tout cela ne fut pas de tout repos.
Maintenant, pour ce qui est du film, lui-même, et bien tout d’abord, le scénario signé de Katie Silberman (Midnight Sun) , Carey et Shane Van Dyke (Into the dark) présente de véritable qualités narrative, puisqu’il va nous plonger dans un monde où tout est bien rangé et où rien ne dépasse, mais où la totale liberté de façade semble cacher quelque chose de plus sombre. En faisant cohabiter de manière assez subtile la liberté et l’interdit, les scénaristes nous entrainent dans une société à la fois attirante et inquiétante, puisque tout le monde sourit, tout le monde se côtoie, se connaît, mais lorsqu’un grain de sable vient gripper le rouage, c’est tout un édifice qui tremble. De la même manière que dans un épisode de la quatrième dimension, « Don’t Worry Darling » nous interroge sur le paradoxe de cette vie, rêvée d’une certaine manière. Car, que ne donnerions nous pas pour une totale liberté, pour avoir tout ce que l’on veut ? Mais justement, quel serait le prix que nous serions prêts à payer pour cela ? Et avec un certain goût pour la narration faussement linéaire, les scénaristes vont nous entrainer dans une intrigue, où les hallucinations et la paranoïa va doucement s’installer dans le cœur et dans l’esprit de l’héroïne.
Et avec un certain sens du rythme et des inspirations assez diverses qui font penser, pour la scène où les maris partent au travail, à « Edward aux mains d’argent » (1990) de Tim Burton, où les maisons sont colorées de pastel et où les hommes partent en même temps, Olivia Wilde nous plonge dans une intemporalité imprégnée de l’esthétique 60’s, avec des couleurs pastels, un mobilier, des costumes et des voitures identifiables de l’époque. La réalisatrice garde une ligne de conduite en maitrisant un rythme entre moments suspendus où le bonheur est affiché et tension palpable dés que le doute s’installe. La réalisatrice a su soigner ses plans particulièrement ceux tournés au Volcano House, une maison imaginée par l’architecte Harold James Bissner qui rappelle un vaisseau spatial perché sur une colline, où la réalisatrice fait preuve d’une réelle virtuosité en donnant le vertige. Olivia Wilde (Le Cas Richard Jewell) confirme, ici, son goût pour la réalisation et assume ses références à peine voilées : « Rosemary’s Baby » (1968) de Roman Polanski, « Sueurs Froides » (1958) d’Alfred Hitchcock ou encore « Black Swann » (2010) de Darren Aronofsky.
Et puis, bien sûr, il y a la distribution, à commencer par la comédienne Florence Pugh (Midsommar) dont la prestation est absolument remarquable de justesse, particulièrement lorsque le film passe de la comédie romantique sur un monde idéal au Thriller obsédant. La comédienne forme un couple particulièrement glamour avec son partenaire Harry Styles, ancien membre des « One Direction », qui signe ici, une prestation impeccable. Lui qui avait fait ses premières armes chez Christopher Nolan dans « Dunkerque » en 2017 et après avoir fait une apparition chez Marvel, vient confirmer avec ce rôle tout en nuances qu’il sait s’approprier un personnage et lui donner toute sa profondeur. Face à eux, Chris Pine (Wonder Woman) tient le rôle difficile du Gourou et créateur du projet dont le couple vient d’intégrer les effectifs. A la fois hypnotique et inquiétant, le comédien joue sur les deux tableau et prouve, une fois de plus, qu’il est capable de jouer bien plus que les héros ou les séducteurs.