Tom Hardy et son père, tous deux dans la police, repèrent un soir un serial killer qui accumule les victimes. La poursuite se termine mal et le père de Tom est tué. Tom déclare alors que le tueur fait partie de la police.
Nous sommes en 1993, Bruce Willis a déjà une belle carrière derrière lui et a explosé les compteurs avec « Piège de Cristal (Die Hard I) » en 1988 et « 58 Minutes pour vivre (Die Hard II) » (1990) et devient le nouveau héros de l’Amérique à travers le monde, loin devant Stallone et Schwarzenegger qui tentent maladroitement de s’accrocher à leur couronne. Bruce Willis a su créer un personnage sobre et facilement identifiable à monsieur tout le monde, avec ses problèmes, sa normalité qui va se confronter à un danger exacerbant son instinct de survie. L’acteur ose ce que les deux autres n’ont pas voulu montrer : La sensibilité. Du coup ses scores font frissonner le box-office et donnent des rêves aux producteurs du genre qui y voient là l’occasion de remplir le tiroir-caisse à moindre frais, avec une recette qui va se répéter pendant un bon moment, jusqu’à un break où le comédien va rencontrer des réalisateurs plus intéressants et avec beaucoup plus de finesse comme Quentin Tarantino (Pulp Fiction (1994)) ou encore M. Night Shyamalan (Sixième sens (1999)), sans parler bien sûr de Besson et de son « Cinquième élément » en 1997 et Terry Gilian et « L’Armée des 12 singes » en 1995. Point commun de toutes ces productions, un Bruce Willis au bord de la dépression, assommé de problèmes se révélant un héros hors norme. Il serait donc injuste de ne cantonner ce comédien aux simples films d’actions, même si depuis les années 2000 s’enferma définitivement dans ces productions bas de gamme aux scénarii et à la réalisation assez mal ficelés.
Et ce « Piège en Eaux Troubles » est l’un des exemples de ces productions bas de gamme que Bruce Willis assuma pour construire son personnage de héros « Normal ». Ici il est un flic blessé physiquement et psychologiquement après une course poursuite avec un tueur en série, qui couta la vie à son père. Sur un scénario signé par le réalisateur lui-même et de son co-scénariste Marty Kaplan qui ne brilla que très peu avec des films comme « Monsieur le Député » en 1993 avec un Eddie Murphy, déjà en danger, à travers des productions insipides, Rowdy Herrington, à qui l’on doit des films tels que « Road House » en 1989 ou « Gladiator » (Rien à voir avec le film de Ridley Scott) en 1992. Ici, tout est fait pour ne pas nous surprendre, même si les auteurs semblent s’être persuadé que l’identité du tueur était gardée intelligemment jusqu’au bout, car au bout de 10 minutes de film, la messe est dite et nous pouvons immédiatement donner le nom du tueur.
Avec une mise en scène sans éclats et un montage qui accumule les fautes de razccords comme lorsque le héros se relève sans béquille d’une chute sur un pont et que le plan suivant il est confortablement installé en appuie sur ses étais. Ou alors lorsqu’il intervient, fusil à pompe à la main et qu’il sort par une porte, avec un revolver…. Beaucoup d’erreurs qui viennent étayer l’étendue des dégâts et un film qui ne fait pas dans la qualité mais plutôt dans la quantité balourde avec des personnages sans profondeur, des actrices engoncées dans des tenues pour les rendre sexy, mais pas plus et des méchants qui sentent tellement la fourberie qu’ils ne nous étonnent pas. Nous nous laissons lentement dériver dans cette torpeur que provoque ce film qui atomise définitivement notre esprit de réflexion pour nous laisser à l’état primaire, halluciné d’un tel navet.
On l’aura vite compris « Piège en Eaux Troubles » porte un titre français qui ressemble à s’y méprendre à un certain nombre de productions dans lesquelles nous retrouvons un autre acteur star de ces films insipides : Steven Seagal. Et le point commun est à la fois un vide créatif et des productions mal ficelées dans lesquelles les acteurs font le job mécaniquement mais rien de plus et où l’ensemble de l’équipe technique semble au rabais. A fuir à tout prix.