Le destin de Simone Veil, son enfance, ses combats politiques, ses tragédies. Le portrait épique et intime d’une femme au parcours hors du commun qui a bousculé son époque en défendant un message humaniste toujours d’une brûlante actualité.
Dans l’univers des biopics, le chemin était le plus souvent balisé par une sacrosainte écriture qui reprenait la naissance, la vie l’œuvre et pour finir la mort du personnage célèbre. Et puis il y eu quelques ovnis bien sentis qui ouvraient, du coup, le champ des possibles, avec une approche plus en phase avec le personnage, son influence ou son travail : « The Doors » d’Oliver Stone, « Gainsbourg vie héroïque » de Joan Sfar. Certaines œuvres vinrent changer cet art si singulier que celui de raconter la vie d’une célébrité sans pour autant ennuyer l’audience ni trahir son sujet. Après le « Barbara » de Mathieu Amalric sur l’immense chanteuse en habit noir ou encore « Le Redoutable » de Michel Hazanavicius sur Jean Luc Godard, Le réalisateur qui avait fait des merveilles avec « La Môme » en 2007 et s’était un peu cassé les dents sur « Grace de Monaco » en 2014, semble apprécier les icones féminines, puisqu’il revient avec cette fois-ci « Simone : Le voyage du siècle ».
Et en cela le film annoncé est une excellente surprise tant Simon Veil, femme ministre aux multiples combats et au destin marqué par la déportation dans les camps de concentration, en elle-même valait un biopic ne serait-ce que pour son incroyable parcours autant que pour ses combats, sans, bien sûr oublier ses fêlures qui la rendirent si difficile à cerner et si passionnante. Et le réalisateur a su éviter le piège de la naissance à la mort ou de l’unique combat qui résumerait à lui seul le personnage de Simone Veil. Olivier Dahan va au contraire vite se débarrasser de la loi autorisant l’avortement et des horreurs que les députés hurlèrent dans l’hémicycle, pour ensuite se concentrer sur les autres combats qui rendirent cette femme si exceptionnelle dans un monde majoritairement dominé par les hommes. Et non pas que la loi autorisant l’avortement n’ait aucune importance, mais il reste trop attaché à la personnalité de Simone Veil alors qu’il y avait beaucoup d’autres combats et tout aussi important que cette loi aurait cannibalisé.
Avant d’être une ministre défendant une telle loi, elle fut aussi une jeune femme rescapée des camps de concentrations durant la seconde guerre mondiale, une femme brisée de n’avoir pu dire « au revoir » à ses parents et à son frères, morts là-bas, et par la mort accidentelle de sa sœur. Mais ce fut surtout une femme de conviction qui se battit contre des hommes soucieux de garder leur pouvoir et qui ne voyait en les femmes que des boniches serviles. Des convictions et une sensibilité à fleur de peau qui la fit se dresser contre l’institution pénitentiaire devant le traitement infligé aux condamnés, ou encore sa prise de position pour que la France se lance dans la recherche d’un traitement contre le SIDA, la liste des combats de Simone Veil est absolument impressionnante.
Dans la biographie de Simone Veil que nous propose Olivier Dahan, rien n’est réellement survolé et l’utilisation des flash-backs, permet au réalisateur, non seulement de parler des combats de la politicienne, mais également de cette souffrance qui ne la quitta jamais que ce soit d’avoir été déportée dans des camps avec toute l’horreur que cela impliqua, mais également cette culpabilité sournoise d’en être sortie. Cette façon sobre, d’aborder le personnage évite de justesse la sacralisation, mais permet de mettre plus en nuance un personnage complexe, parfois jugée froide, mais qui verrouillait ses sentiments pour ne pas être prise en pêché de faiblesse. Olivier Dahan qui a également signé le scénario, maitrise son sujet, utilise les discours et les écrits de Simone Veil pour lui donner tout son sens et nous la faire découvrir de la meilleure façon possible.
L’interprétation inspirée pour ne pas dire habitée d’Elsa Zylberstein (Le Concile de Pierre) y est pour beaucoup dans la réussite de ce biopic. L’actrice est remarquable de sobriété, parfois de mimétisme mais juste ce qu’il faut pour rendre hommage à la politicienne. L’actrice semble avoir laissé l’esprit de Simone Veil l’envahir pour nous faire ressentir toute cette nuance, cette dualité qui habitait cette femme de combat.
En conclusion, « Simone » rend magnifiquement hommage à l’une des figures les marquantes de la politique française. Marquante par ses combats, parce que c’était une femme au milieu des hommes, mais également pour ses combats qu’elle mena contre des inégalités inacceptables, qui semblent pourtant encore présente de nos jours.